Le journal Nouvelle Republique-Mali du 5/11/2010.
Suite à la campagne sur l’insécurité d’intoxication menée par les occidentaux, nous avons rencontré Many Al Ansar, promoteur du festival Essakane, qui nous a livré ses impressions sur la situation.
Nouvelle République : comment voyez- vous la campagne par rapport à la sécurité au nord de notre pays ?
Many : c’est vrai que cette campagne a commencé depuis quelques années déjà et ne fait que s’amplifier de plus en plus. Personnellement comme beaucoup de mes compatriotes ressortissants de ces régions, je trouve qu’il y a une exagération, que la réaction des occidentaux est démesurée. C’est pour cela qu’il faut qu’on s’organise, qu’on montre le vrai visage de nos régions. Je ne dis pas que rien ne se passe dans le Sahara, mais, je crois qu’on est en train de faire porter beaucoup au nord du Mali. A ce titre il faut que la bonne information soit donnée à l’opinion nationale et surtout internationale, car tout le monde connaît les effets de cette campagne sur le tourisme et sur l’économie en général.
Nouvelle République : quels sont effets de cette campagne sur la tenue du festival Essakane ?
Many : Avec dix ans d’existence, dont les cinq dernières années dans des conditions similaires, le festival Essakane a appris à vivre, à faire avec. Honnêtement comme les autres années on reste serein, le festival continue son petit bout de chemin, les inscriptions continues aussi bien de la presse, que des touristes, même si bien sur du coté des touristes ça aurait pu être mieux que ça ; mais le plus important dans tout ça c’est l’assurance que nous donne nos autorités de continuer. Effectivement, il n’y a pas de raisons qui nous empêchent de continuer.
Car, comme je le disais tantôt, ça fait dix ans qu’on fait venir des milliers de gens, dont près d’un millier d’occidentaux, qui viennent chaque année. Ils participent à la fête, ils font des voyages touristiques, ils découvrent notre culture et rentrent tranquillement chez eux, sans aucun incident. Alors, rien ne nous empêche de croire toujours et de continuer.
Nouvelle République : qu’apporte le festival en terme de retombées ?
Many : Les retombées du festival c’est vous les journalistes qui êtes mieux placés pour l’apprécier. Sinon je n’ai pas besoin de m’étaler dessus, il suffit de faire un petit calcul. Un millier de festivaliers, 850 exactement la dernière fois, plus les autres années qui traversent le pays, les hôtels, le transport, les cadeaux etc.
C’est très considérable pour l’économie aussi bien nationale que locale. Sans compter les retombées pour l’image du Mali, qui est le plus important.
Pendant les occidentaux tentent de diaboliser le nord du Mali, le rendant infréquentable, nous, on arrive à donner la preuve en invitant des milliers d’occidentaux à venir chez nous, à faire la fête, à découvrir notre hospitalité et notre culture et repartir en tout en sécurité. Ça c’est la meilleure réponse qu’on puisse donner. Coté culture, à travers toutes les télévisions, ces journalistes qui viennent permettent de développer notre culture à travers le monde. Les artistes se font découvrir par d’autres producteurs. Sans compter que le festival est né dans un contexte où, on sortait des événements malheureux du nord, qui ont crées un climat de méfiance entre les populations. Depuis lors on apprend à chanter, à danser, à s’approcher des uns des autres et être du même bord. C’est vraiment important.
Nouvelle République : vous avez un dernier appel ?
Many : Mon appel c’est à l’endroit de nos autorités, même si je ne minimise pas ce qu’elles font déjà. C’est pour leur dire qu’il est nécessaire qu’y ait aujourd’hui un élan national par rapport à la situation au nord, qui hypothèque beaucoup d’activités, aussi bien les activités de développement des ONG, que les activités touristiques et culturelles. Qu’il va falloir beaucoup communiquer, que les populations du nord et de l’ensemble du pays s’investissent dans ce sens. Que chacun joue sa partition pour sortir le pays de ce carcan médiatique dans le quel on tente de l’engouffrer.
Entretien réalisé par Harber Maiga
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