samedi 27 juin 2009

Artisanat : GRAND BESOIN DE PROMOTION




Source:l'Essor du, 26-06-2009
Malgré son apport à l’économie nationale et les opportunités qu’il offre en terme d’emplois, le secteur ne bénéficie de toute l’attention qu’il mérite. Le Salon des ingénieries, de la transformation et de l'apprentissage va aider à inverser cette tendance
Nos artisans disposent d’un nouveau cadre pour assurer la promotion de leurs produits. Il s’agit du Salon des ingénieries, de la transformation et de l'apprentissage (SITA). La première édition de ce nouveau rendez-vous s'est ouverte hier au pavillon des sports du stade omnisports Modibo Kéïta. C'est le président de la République, Amadou Toumani Touré, qui en a présidé la cérémonie d’ouverture. Le Premier ministre Modibo Sidibé, des membres du gouvernement, les autorités politiques et administratives du district de Bamako ont assisté à l’évènement. Cette grande rencontre de l’artisanat est organisée par le ministère de l'Emploi et la Formation professionnelle, en partenariat avec l'Assemblée permanente des chambres des métiers du Mali (APCMM) et l'appui financier et technique de divers partenaires dont le Bureau international du travail (BIT). Le SITA met en compétition une trentaine d'artisans qui exposent leurs produits dans les halls du pavillon des sports. Les meilleurs des produits ainsi exposés seront primés. Un autre groupe d’artisans présente ses produits sur l’esplanade du pavillon. Il n’est pas concerné par la compétition. Un troisième groupe d'exposants (également hors compétition) a pris position sur un site particulier dénommé "le Fantogo" implanté derrière le marché de Médine, juste au pied de la colline du Point G.
A FORTE VALEUR AJOUTEE : Les produits exposés sont constitués en grande partie de matériels agricoles et d’ustensiles de cuisine. Le salon met ainsi en valeur la vitalité du secteur de l'artisanat dans notre pays. L'histoire du secteur renvoie à des pratiques ancestrales. L’artisanat représente la somme des expériences accumulées par des générations de forgerons durant des siècles, a rappelé Mamadou Minkoro Traoré, le président de l'APCMM. A l'origine, il s’agissait d’un domaine exclusif à cette couche sociale. Mais au fil du temps, le secteur a beaucoup évolué. L'artisanat de transformation des métaux est aujourd'hui un secteur économique à forte valeur ajoutée et à haute intensité de main d'œuvre. Un secteur grand créateur d'emplois. Un espace d'initiatives qui offre à chacun sa chance.Pour Mamadou Minkoro Traoré, l’artisanat repose sur l'acquisition de grandes compétences professionnelles. Il est le champ de prise de responsabilités et de développement personnel et contribue au développement des entreprises industrielles. En effet, un grand nombre de PME et PMI dans le monde sont issues du secteur des métiers. "L'histoire récente nous enseigne que des fleurons de l'économie mondiale étaient, il y a une génération encore, des entreprises artisanales", a constaté Mamadou Minkoro Traoré. Et aujourd’hui encore, beaucoup d'entreprises sous-traitent des marchés avec les artisans.Il faut dire que l'artisanat est un secteur de croissance stable pour l’économie nationale en raison de la forte demande de ses produits. Les artisans, à tous les niveaux, innovent, créent et inventent régulièrement. Mais ces talents cachés, ces savoirs faire, et ces créations restent méconnus de beaucoup de nos compatriotes. Certes, le ministère de l'Artisanat et du Tourisme a déployé une somme d'efforts pour sortir le secteur de l'anonymat, notamment en favorisant la participation de nos artisans à de nombreux salons à l'étranger. Mais il faut faire preuve de plus d'imagination pour moderniser le secteur. Avec le niveau actuel de son artisanat, le Mali peut d’ailleurs s’épargner l’importation d’un grand nombre de produits. Surtout les plus élémentaires.
SOUVENT CHASSES COMME DES MALPROPRES : La crise économique mondiale offre l’occasion de proposer des solutions locales. En outre, le pays s'est résolument engagé dans un processus de développement de l’agriculture et des ressources locales. Ce processus devra être soutenu par le développement d’un artisanat qui s'est lui-même orienté essentiellement vers la satisfaction des besoins en équipements du monde rural et les autres domaines économiques. Selon la directrice nationale de la Formation professionnelle, le Mali a cessé depuis des décennies d'importer nombre de matériels agricoles. Et le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Ibrahima N'Diaye, d'appeler nos compatriotes à « consommer malien », un slogan qui eut son heure de gloire par le passé dans notre pays. "L'artisanat utilitaire a besoin d'espace de promotion comme le SITA. Ce salon offrira des opportunités de découvertes, de diffusion et de commercialisation pour les produits", a indiqué Mamadou Minkoro Traoré en relevant qu’en dépit de leur apport au développement économique du pays, les artisans ont du mal à trouver leur place dans le secteur productif. Ils sont parfois chassés comme des malpropres dans le district de Bamako, regrettera-t-il. "Nous sommes, par exemple, les premiers occupants du marché de Médine, mais récemment, nous avons été sommés par les autorités du District de quitter les lieux au profit d'un transporteur", déplore un professionnel du secteur qui a tenu conserver l’anonymat. Avant que l’initiative d’organiser ce salon prenne forme, la direction nationale de Formation professionnelle, sur instruction du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a recensé 392 maîtres artisans encadrant plus de 1500 apprentis au niveau du marché de Médine. L’apport de ces artisans à l'économie nationale est évalué à 3 milliards de Fcfa. C’est au regard de leur poids économique que le président de la République a demandé au gouvernement de prendre des dispositions pour sécuriser les lieux de travail des artisans. Pour le chef de l’Etat, le secteur de l’artisanat qui a longtemps été considéré à tort, comme un secteur informel, constitue un vivier pour l'emploi et la création de richesses. "Le plus important, est que le secteur offre à ses professionnels, la possibilité de subvenir aux besoins de leur famille", a souligné le président Touré. Se prononçant sur l'exportation massive de la ferraille usagée qui provoque un déficit de matière première sur le marché, Amadou Toumani Touré a promis d'examiner avec les exportateurs la possibilité de fournir le marché intérieur sans causer de préjudice à leur activité.

A. O. DIALLO

jeudi 25 juin 2009

Culture et paix : PLAISANTEZ, NE VOUS BATTEZ PAS !



Source: l'Essor du 24-06-2009 No 16470
Un colloque s’attache à valoriser le rôle des mécanismes traditionnels de médiation, tels que les relations à plaisanterie dans la résolution des conflits et des différends
"Le rôle des relations à plaisanterie dans la promotion de la cohésion sociale et de la paix dans les pays ouest-africains", tel est le thème d'un colloque qui se tient depuis lundi dans la salle Fanta Damba du Centre international des conférences de Bamako. Une cinquantaine de chercheurs en sciences sociales, de professeurs de littérature, de traditionalistes et de griots débattent du thème. Des participants venus du Burkina Faso, de Côte d'Ivoire, de Guinée, du Niger, du Sénégal se sont joints à leurs collègues maliens.Par cette initiative, le ministère de la Culture à travers la direction nationale de l'Action culturelle (DNAC) et le bureau multi-pays de l'UNESCO entendent apporter leur contribution au renforcement de la paix sociale et de la cohésion dans nos pays.Ce colloque se justifie par un certains nombre de constats. Depuis quelques décennies, l'évolution du monde est marquée par l'exacerbation de la violence, la multiplication des conflits armés, la résurgence des antagonismes locaux et régionaux. En outre, le fossé semble se creuser davantage entre les valeurs culturelles d'un côté, et les règles de la rentabilité économique d’autre part. Les particularismes culturels ont même tendance à être déviés ou vidés de leur véritable sens, provoquant une profonde érosion de la cohésion sociale.La sauvegarde de cette dernière va de pair avec la reconnaissance de la diversité culturelle, instrument privilégié du dialogue interculturel. A cet égard, il conviendrait de mettre en exergue l'action normative de l'UNESCO qui a adopté une déclaration universelle et une convention internationale sur la diversité culturelle en vue de canaliser les dérives éventuelles d'une mondialisation à sens unique. Le recul ou la méconnaissance de certaines valeurs traditionnelles, conjugué à d'autres facteurs tels l'urbanisation et l'acculturation, entament progressivement le tissu social, provoquant une rupture préjudiciable à la bonne marche de la société. Devant une telle situation, le dispositif institutionnel mis en place au niveau international pour la résolution des conflits a tendance à montrer ses limites. Il importe, par conséquent, d'expérimenter d'autres types de solutions, en l'occurrence ceux qui reposent sur des valeurs reconnues et respectées par les communautés locales. C’est dans cette optique que le présent colloque est organisé.L'objectif général de la rencontre est de susciter la réflexion sur une pratique culturelle que les peuples ouest-africains pourraient utiliser à bon escient pour la gestion de certains conflits à une échelle plus ou moins grande. La session devra aboutir à des propositions concrètes visant plusieurs objectifs précis : la promotion de la culture de la paix et le renforcement du dialogue interculturel, le partage de bonnes pratiques touchant au renforcement de la cohésion sociale et de la compréhension mutuelle, à la valorisation du rôle des mécanismes traditionnels de médiation, tels que les relations à plaisanterie dans la résolution des conflits et des différends. Il s’agit aussi de cerner les avantages d'une pratique culturelle qui contribue au bon fonctionnement et à l'équilibre de la société. Enfin, un mécanisme de diffusion, de vulgarisation et de pérennisation des relations à plaisanterie sera proposé.Les travaux du colloque de Bamako sont divisés en plusieurs sous-thèmes : « la conceptualisation, l'origine et l'évolution des relations à plaisanterie selon les ethnies ou peuples » ; « relations à plaisanterie, migrations transfrontalières et cohabitation : adaptation et actualisation » ; « relations à plaisanterie, diversité culturelle et dialogue interculturel : voies et moyens » ; « relations à plaisanterie, médiation, prévention et règlement des conflits : contributions et apports ».Juma Shabani, le chef du bureau multi-pays de l'UNESCO à Bamako a expliqué lors de la cérémonie d'ouverture, que l’organisme onusien approuvait et appuyait ce genre d'initiative qui s'inscrit en parfaite harmonie avec le programme d'éducation à la culture de la paix. Il a exhorté les participants à émettre des propositions pertinentes qui permettront à notre pays d'entamer le processus d'inscription de cet important élément de notre patrimoine sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité de l'UNESCO.Pour le ministre de la Culture, Mohamed El Moctar, qui a présidé la cérémonie d'ouverture du colloque, la fonction cathartique du cousinage à plaisanterie n'est plus à démontrer. Il a dit espérer que les résolutions concrètes dégagées par le forum permettront d'aboutir à des propositions en vue de pérenniser des méthodes de prévention et de résolution des conflits par les relations à plaisanterie.

Y. DOUMBIA

Livre « Enfants des sables, une école chez les Touareg » : A LA DECOUVERTE DE LA SOCIETE TOUAREGUE


Source: l'Essor du 25-06-2009, n° 16472

Moussa Ag Assarid, l’auteur d’un “Y a pas d’embouteillage dans le désert” (Presse de la Renaissance 2006) qui avait connu un beau succès, revient dans les librairies avec un ouvrage intitulé “ Enfant des sables, une école chez les Touareg ”.
L’ouvrage de 200 pages n’est ni un roman, ni une étude de la société dont l’auteur est issu. Il s’agit d’une sorte d’autobiographie dans laquelle Moussa Ag Assarid et son jeune frère Ibrahim Ag Assarid racontent les différentes péripéties par lesquelles, ils ont dû passer pour créer une école nomade, dans leur village, Taboye, un arrondissement de Bourem. Les auteurs relatent leur propre histoire au début de cet ouvrage à la lecture aisée. Fils d’un homme du désert qui n’a pas fréquenté les bancs de l’école française, ils ont été séduits par un livre (« Le Petit Prince » de Saint-Exupéry) que des participants au rallye Paris-Dakar leur ont donné, lors d’un de leurs passages.Le grand frère a décidé d’aller à l’école, malgré la réticence de son père. Une fois inscrit, le petit gardien de chèvres, habitant des grands espaces, découvre à travers les livres et ses enseignants les mystères qui se cachent entre les lignes et à travers les images. Ayant compris que le monde ne se limite pas à croquer des dattes, à mâcher des morceaux de viande, à ingurgiter des tasses de lait de chamelle ou à siroter du thé sous les tantes, les deux frères ont décidé de faire découvrir à leurs compatriotes du désert, les merveilles du monde caché au-delà des dunes et des plaines de sable. Les auteurs font ainsi entrer le lecteur dans la vie de ces enfants touareg qui découvrent une autre façon de vivre, qui luttent pour s’intégrer dans leur temps tout en essayant de conserver et de perpétuer leurs traditions et coutumes. L’ouvrage est une invite à jeter un regard implicite sur ceux pour qui aller à l’école est plutôt une chance qu’un droit. Même si on peut reprocher aux auteurs d’avoir forcé le trait dans la description de leur société et de certains aspects de la cohabitation avec les voisins, l’ouvrage peut être considéré comme un bel exercice de narration.

G. A. DICKO