La crise alimentaire mondiale démontre la pertinence de l'opération qui éprouve cependant quelques difficultés
En plus d'être le plus gros travailleur, le plus noble et le plus méritant de la société, le paysan est tout simplement, le bienfaiteur de l'humanité, a schématisé un de nos chanteurs. L'hommage est à la hauteur de la tâche. Au moment où le monde entier s'émeut face à la crise alimentaire que nous connaissons, notre pays a célébré hier à Soninkégny, commune rurale de Kambila (cercle de Kati), la 6ème édition de la Journée paysanne.
La cérémonie qui a consacré l'événement était présidée par le président de la République, Amadou Toumani Touré. Elle s'est déroulée en présence du ministre de l'Agriculture, Tiémoko Sangaré, du président de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, du gouverneur de la Région de Koulikoro, Soungalo Bouaré et de plusieurs autres membres du gouvernement. C'est dans une liesse populaire que la délégation présidentielle a été accueillie sur la grande place du village.
Soninkégny est une bourgade de 1500 habitants, située sur la route de Kolokani à 35 kilomètres de Bamako. La population, dominée par les bambaras, a pour activité économique principale, l'agriculture dont le maraîchage occupe une place prépondérante. Le village est le principal pourvoyeur de la 2ème région administrative en pomme de terre. Les maraîchers investissent chaque année, environ 7 millions de Fcfa dans l'achat des semences maraîchères, a expliqué le maire de la Commune rurale de Kambila, Souleymane Diarra.
BEAUCOUP D'INSUFFISANCES A COMBLER: Le village se distingue aussi par sa forte production de riz à l'image de notre pays qui dispose du potentiel agricole le plus important de la sous-région. Ce n'est donc pas un hasard si le village a été choisi pour abriter la présente journée placée sous le thème de l'"Initiative riz" lancée par le Premier ministre, Modibo Sidibé. Après avoir souhaité la bienvenue à leurs invités, le maire de la commune, Souleymane Diarra et le chef du village N'Tiô Diarra ont exprimé leur fierté quant au choix de leur localité pour la célébration de la Journée.
Djibril Traoré, représentant des producteurs de riz de Sikasso a au nom de son groupement, exprimé sa satisfaction de l'organisation de l'événement. A sa suite, le délégué général des exploitants agricoles de l'Office du Niger, Abdoulaye Daou a fait un diagnostic alarmant de la situation de l'Initiative riz sur le terrain.
A en croire Abdoulaye Daou, les paysans connaissent assez de difficultés dans l'exécution des tâches. Matériellement, dit-t-il, il y a beaucoup d'insuffisances à combler. Les 70 motoculteurs distribués aux paysans ne suffisent pas à son avis pour atteindre les objectifs de l'Initiative riz. Il a sollicité l'implication personnelle du chef de l'État dans la question des engrais qui est devenue un vrai problème. "Après avoir lancé les appels d'offre depuis plusieurs mois, les producteurs ne parviennent pas à entrer en possession des engrais qui sont indispensables à la culture. Or, nous sommes déjà installés dans l'hivernage. Si rien n'est fait dans les 15 jours à venir, la cause risque d'être entendue pour l'Initiative. La subvention des engrais prévue dans le cadre de l'Initiative riz n'est pas encore une réalité sur le terrain", soutient Abdoulaye Daou.
Au lieu du prix subventionné de 15 500 Fcfa qui avait été préalablement négocié par les producteurs, le sac d'engrais est vendu au prix du marché, c'est à dire à 22 000 Fcfa. Toute chose qui en rend la fourniture difficile. "L'Initiative riz a été un facteur de blocage au lieu de faciliter les choses", prétend le représentant des producteurs de l'Office. Car, selon lui, la question des subventions a ouvert la voie à toutes sortes de spéculations et à la corruption. Entre autres doléances soumises au président de la République, figurent la connexion de la station de pompage de l'Office au réseau électrique d'EDM pour les commodités de refoulement de l'eau, compte tenu de l'agrandissement des espaces à irriguer et la mise en place de ressources pérennes pour l'APCAM.
Toutes ces difficultés ont été reconnues par le président de l'APCAM. Selon Bakary Togola, la difficulté d'approvisionnement en engrais est imputable à la conjoncture générale sur la scène internationale exacerbée par la flambée du prix du pétrole qui se répercute sur tous les autres produits. Le protectionnisme adopté par tous les pays aujourd'hui pour prévenir les pénuries, a rendu l'importation des engrais beaucoup plus difficile, explique-t-il.
Le changement incessant dans le cours des engrais sur le marché international a rendu les contrats instables avec les opérateurs. Bakary Togola a insisté sur le fait que nous devons nous contenter de ce qui est disponible, au lieu de se mettre en situation d'attente. "La pluie n'attend pas le cultivateur. C'est plutôt lui qui court derrière la pluie", a-t-il constaté. Invitant les producteurs à miser sur l'existant et sur les mesures d'encadrement et de suivi mises en place par l'Initiative riz.
D'autres difficultés comme la cherté de l'aliment bétail et le manque de semences ont été évoqués au cours de cette journée. Mais ces difficultés doivent être transformées en avantages en tirant les leçons pour la prochaine fois, a estimé Bakary Togola. "Concentrons-nous sur nos efforts" a-t-il invité. Le président de l'APCAM a insisté sur l'effort personnel pour faire de l'agriculture la priorité aussi bien, pour les paysans que pour les pouvoirs publics et même les autres acteurs de la société.
RETOUR AUX ANCIENNES PRATIQUES: Ces propos sont partagés par le président de la République, Amadou Toumani Touré. Le chef de l'État a cependant reconnu que l'Initiative riz est en retard sur l'hivernage. "On ne s'est pas levé tôt, a-t-il affirmé. C'est pourquoi nous avions prévu toutes ces difficultés qui viennent d'être évoquées. Mais, on doit maintenant nous contenter des moyens de bord pour avancer". Amadou Toumani Touré a dit avoir pris bonne note des requêtes relatives à la caution solidaire, les semences et autres préoccupations soulevées par les producteurs.
L'Initiative riz, c'est 42 milliards de Fcfa d'investissement, dont 10 milliards pour les engrais. Cela éveille les appétits du gain et engendre beaucoup de conflits d'intérêt. D'où certaines mauvaises pratiques dans la filière, analyse le chef de l'État. Après les semis, c'est à dire dans les semaines à venir, il a promis de réunir tous les acteurs impliqués dans la question (gouvernement, banques, APCAM, etc.) pour y voir clair. "Personne ne quittera la salle avant de me proposer une solution à ce problème", a-t-il promis.
Amadou Toumani Touré a déploré en outre, l'attitude des banques dont les exigences deviennent des obstacles à la célérité de mobilisation des fonds. "Nos banques nous appartiennent. Il est donc inacceptable qu'elles ne se mettent pas à notre service", s'est insurgé le chef de l'État. Certains agents de l'État impliqués dans le projet ne sont pas non plus sans reproche dans le problème. Ils ont été interpellés par le président de la République. "Pendant que certains se sacrifient à la tâche, d'autres ne font rien. Il faut que chacun joue son rôle. Celui qui n'est pas à la hauteur de la tâche doit céder sa place. Nous allons mettre quelqu'un d'autre à sa place pour faire le travail", a averti Amadou Toumani Touré.
Abordant l'épineux dossier de la privatisation de la Compagnie malienne de développement du textile (CMDT), le chef de l'État a indiqué que chaque année, l'État injecte environ 33 milliards pour subventionner la société. Malgré cet effort financier, celle-ci ne parvient pas à sortir de sa situation de faillite. Parlant du prix des denrées de première nécessité, le président Touré a fait remarquer qu'à part le thé, notre pays a les prix les plus bas de la sous-région.
La fin de la crise alimentaire n'est pas pour bientôt, a averti le premier responsable du pays. "Il faut que nous retournons à nos anciennes pratiques. C'est à dire stocker aux moments d'abondance pour prévenir les temps de disette. Tout le monde doit faire de l'agriculture une activité secondaire, à défaut d'être cultivateur de métier, pour se garantir un minimum de produits vivriers. C'est comme ça que nos parents, grands parents et arrières grands-parents procédaient dans le temps", a rappelé le président Touré.
C'est sur la promesse de trouver une solution, avec tous les acteurs aux problèmes posés, que le chef de l'État a souhaité un bon hivernage à tous les paysans. Amadou Toumani Touré a procédé ensuite à la remise de matériels agricoles au groupement de femmes maraîchers de Soninkégny et aux producteurs de Sikasso, Ségou et Koulikoro.
La délégation présidentielle a ensuite visité les stands tenus par l'Institut d'économie rurale (IER), l'organisation des semenciers du Mali, et les producteurs et coopératives agricoles.
La cérémonie s'est achevée par la remise symbolique du champs collectif de Soninkégny, lançant ainsi les activités de la campagne agricole. La délégation a ensuite visité le barrage souterrain de Soninkégny. Cet ouvrage a été réalisé grâce à la coopération allemande dans le cadre du projet petits barrages du Bélédougou. L'installation a pour fonction de retenir l'eau, afin de remonter la nappe phréatique. Le barrage permettra d'irriguer à terme 400 hectares de terres pour les activités de maraîchage et de culture de riz.
En plus d'être le plus gros travailleur, le plus noble et le plus méritant de la société, le paysan est tout simplement, le bienfaiteur de l'humanité, a schématisé un de nos chanteurs. L'hommage est à la hauteur de la tâche. Au moment où le monde entier s'émeut face à la crise alimentaire que nous connaissons, notre pays a célébré hier à Soninkégny, commune rurale de Kambila (cercle de Kati), la 6ème édition de la Journée paysanne.
La cérémonie qui a consacré l'événement était présidée par le président de la République, Amadou Toumani Touré. Elle s'est déroulée en présence du ministre de l'Agriculture, Tiémoko Sangaré, du président de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, du gouverneur de la Région de Koulikoro, Soungalo Bouaré et de plusieurs autres membres du gouvernement. C'est dans une liesse populaire que la délégation présidentielle a été accueillie sur la grande place du village.
Soninkégny est une bourgade de 1500 habitants, située sur la route de Kolokani à 35 kilomètres de Bamako. La population, dominée par les bambaras, a pour activité économique principale, l'agriculture dont le maraîchage occupe une place prépondérante. Le village est le principal pourvoyeur de la 2ème région administrative en pomme de terre. Les maraîchers investissent chaque année, environ 7 millions de Fcfa dans l'achat des semences maraîchères, a expliqué le maire de la Commune rurale de Kambila, Souleymane Diarra.
BEAUCOUP D'INSUFFISANCES A COMBLER: Le village se distingue aussi par sa forte production de riz à l'image de notre pays qui dispose du potentiel agricole le plus important de la sous-région. Ce n'est donc pas un hasard si le village a été choisi pour abriter la présente journée placée sous le thème de l'"Initiative riz" lancée par le Premier ministre, Modibo Sidibé. Après avoir souhaité la bienvenue à leurs invités, le maire de la commune, Souleymane Diarra et le chef du village N'Tiô Diarra ont exprimé leur fierté quant au choix de leur localité pour la célébration de la Journée.
Djibril Traoré, représentant des producteurs de riz de Sikasso a au nom de son groupement, exprimé sa satisfaction de l'organisation de l'événement. A sa suite, le délégué général des exploitants agricoles de l'Office du Niger, Abdoulaye Daou a fait un diagnostic alarmant de la situation de l'Initiative riz sur le terrain.
A en croire Abdoulaye Daou, les paysans connaissent assez de difficultés dans l'exécution des tâches. Matériellement, dit-t-il, il y a beaucoup d'insuffisances à combler. Les 70 motoculteurs distribués aux paysans ne suffisent pas à son avis pour atteindre les objectifs de l'Initiative riz. Il a sollicité l'implication personnelle du chef de l'État dans la question des engrais qui est devenue un vrai problème. "Après avoir lancé les appels d'offre depuis plusieurs mois, les producteurs ne parviennent pas à entrer en possession des engrais qui sont indispensables à la culture. Or, nous sommes déjà installés dans l'hivernage. Si rien n'est fait dans les 15 jours à venir, la cause risque d'être entendue pour l'Initiative. La subvention des engrais prévue dans le cadre de l'Initiative riz n'est pas encore une réalité sur le terrain", soutient Abdoulaye Daou.
Au lieu du prix subventionné de 15 500 Fcfa qui avait été préalablement négocié par les producteurs, le sac d'engrais est vendu au prix du marché, c'est à dire à 22 000 Fcfa. Toute chose qui en rend la fourniture difficile. "L'Initiative riz a été un facteur de blocage au lieu de faciliter les choses", prétend le représentant des producteurs de l'Office. Car, selon lui, la question des subventions a ouvert la voie à toutes sortes de spéculations et à la corruption. Entre autres doléances soumises au président de la République, figurent la connexion de la station de pompage de l'Office au réseau électrique d'EDM pour les commodités de refoulement de l'eau, compte tenu de l'agrandissement des espaces à irriguer et la mise en place de ressources pérennes pour l'APCAM.
Toutes ces difficultés ont été reconnues par le président de l'APCAM. Selon Bakary Togola, la difficulté d'approvisionnement en engrais est imputable à la conjoncture générale sur la scène internationale exacerbée par la flambée du prix du pétrole qui se répercute sur tous les autres produits. Le protectionnisme adopté par tous les pays aujourd'hui pour prévenir les pénuries, a rendu l'importation des engrais beaucoup plus difficile, explique-t-il.
Le changement incessant dans le cours des engrais sur le marché international a rendu les contrats instables avec les opérateurs. Bakary Togola a insisté sur le fait que nous devons nous contenter de ce qui est disponible, au lieu de se mettre en situation d'attente. "La pluie n'attend pas le cultivateur. C'est plutôt lui qui court derrière la pluie", a-t-il constaté. Invitant les producteurs à miser sur l'existant et sur les mesures d'encadrement et de suivi mises en place par l'Initiative riz.
D'autres difficultés comme la cherté de l'aliment bétail et le manque de semences ont été évoqués au cours de cette journée. Mais ces difficultés doivent être transformées en avantages en tirant les leçons pour la prochaine fois, a estimé Bakary Togola. "Concentrons-nous sur nos efforts" a-t-il invité. Le président de l'APCAM a insisté sur l'effort personnel pour faire de l'agriculture la priorité aussi bien, pour les paysans que pour les pouvoirs publics et même les autres acteurs de la société.
RETOUR AUX ANCIENNES PRATIQUES: Ces propos sont partagés par le président de la République, Amadou Toumani Touré. Le chef de l'État a cependant reconnu que l'Initiative riz est en retard sur l'hivernage. "On ne s'est pas levé tôt, a-t-il affirmé. C'est pourquoi nous avions prévu toutes ces difficultés qui viennent d'être évoquées. Mais, on doit maintenant nous contenter des moyens de bord pour avancer". Amadou Toumani Touré a dit avoir pris bonne note des requêtes relatives à la caution solidaire, les semences et autres préoccupations soulevées par les producteurs.
L'Initiative riz, c'est 42 milliards de Fcfa d'investissement, dont 10 milliards pour les engrais. Cela éveille les appétits du gain et engendre beaucoup de conflits d'intérêt. D'où certaines mauvaises pratiques dans la filière, analyse le chef de l'État. Après les semis, c'est à dire dans les semaines à venir, il a promis de réunir tous les acteurs impliqués dans la question (gouvernement, banques, APCAM, etc.) pour y voir clair. "Personne ne quittera la salle avant de me proposer une solution à ce problème", a-t-il promis.
Amadou Toumani Touré a déploré en outre, l'attitude des banques dont les exigences deviennent des obstacles à la célérité de mobilisation des fonds. "Nos banques nous appartiennent. Il est donc inacceptable qu'elles ne se mettent pas à notre service", s'est insurgé le chef de l'État. Certains agents de l'État impliqués dans le projet ne sont pas non plus sans reproche dans le problème. Ils ont été interpellés par le président de la République. "Pendant que certains se sacrifient à la tâche, d'autres ne font rien. Il faut que chacun joue son rôle. Celui qui n'est pas à la hauteur de la tâche doit céder sa place. Nous allons mettre quelqu'un d'autre à sa place pour faire le travail", a averti Amadou Toumani Touré.
Abordant l'épineux dossier de la privatisation de la Compagnie malienne de développement du textile (CMDT), le chef de l'État a indiqué que chaque année, l'État injecte environ 33 milliards pour subventionner la société. Malgré cet effort financier, celle-ci ne parvient pas à sortir de sa situation de faillite. Parlant du prix des denrées de première nécessité, le président Touré a fait remarquer qu'à part le thé, notre pays a les prix les plus bas de la sous-région.
La fin de la crise alimentaire n'est pas pour bientôt, a averti le premier responsable du pays. "Il faut que nous retournons à nos anciennes pratiques. C'est à dire stocker aux moments d'abondance pour prévenir les temps de disette. Tout le monde doit faire de l'agriculture une activité secondaire, à défaut d'être cultivateur de métier, pour se garantir un minimum de produits vivriers. C'est comme ça que nos parents, grands parents et arrières grands-parents procédaient dans le temps", a rappelé le président Touré.
C'est sur la promesse de trouver une solution, avec tous les acteurs aux problèmes posés, que le chef de l'État a souhaité un bon hivernage à tous les paysans. Amadou Toumani Touré a procédé ensuite à la remise de matériels agricoles au groupement de femmes maraîchers de Soninkégny et aux producteurs de Sikasso, Ségou et Koulikoro.
La délégation présidentielle a ensuite visité les stands tenus par l'Institut d'économie rurale (IER), l'organisation des semenciers du Mali, et les producteurs et coopératives agricoles.
La cérémonie s'est achevée par la remise symbolique du champs collectif de Soninkégny, lançant ainsi les activités de la campagne agricole. La délégation a ensuite visité le barrage souterrain de Soninkégny. Cet ouvrage a été réalisé grâce à la coopération allemande dans le cadre du projet petits barrages du Bélédougou. L'installation a pour fonction de retenir l'eau, afin de remonter la nappe phréatique. Le barrage permettra d'irriguer à terme 400 hectares de terres pour les activités de maraîchage et de culture de riz.
l'essor du 7-7-2008
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