vendredi 11 juillet 2008

Document: Cité des 333 Saints



Le colonel Gouverneur Edgar de Trentinian visite notamment Tumbouctou en Février 1896 et reçoit en personne à Goundam, la soumission définitive de Chabboun, chef traditionnel de la fraction targuie Tine-djer- edjef. Événement important, contrariant le reste majoritaire du milieu nomade et des villages opposés à la pénétration coloniale, qui continuent leur lutte légitime, rurale et mesurée.
La pacification de l’ouest lacustre, étendu vers Ras-Ilma et Méma, se déroule entre 1894 et 1899. On se résigne de sabrer en exploit limité une armée coloniale au feu supérieur.
La partie clanique Tourmouz, Ideïlba, Oulad Izeaïn , se distancie de cette paix froide observée localement, apporte son concours partitif à la résistance arabe infiltrée .
Vers le Sareri, nombre de foyers « Imoushagh» (touareg) et «Keltamasheq» (berberie identitaire) réagissent ponctuellement, en éliminant au sabre des »ikoufar» (non musulmans en langage berbère).La pacification de l’est prolongé dure de 1893 à 1900. Infatué, on se résout d’accompagner une méthode stratégique pour résister sur le long terme à une suprématie évidente en armement de guerre et possibilité logistique.
Entité noble Igawadarane, ethnie classique Imghad au système d’héritage matrilinéaire, foyer maraboutique Kel-Essouk, tente bergère Imadidghène, campements arabo-berbères influents Kel – Ounane , Kel – Ine – Tessar, Iguilad, se solidarisent fortement aux populations internes, participatives en confrontant les colons sur des prairies et pâturages incluant Koriomé,Aglal, Rharous, Bamba….
Tout espace vital «Libhar» (fleuve en dialecte hassanya), qu’on protège en riposte historique, au prix de son sang versé, dès que points d’eau situés en haut forestier à l’époque, biens individuels, terres fertiles de bas fluvial, sont menacés, enlevés ou attaqués de razzias intermittentes. Soudés à partir d’un tam-tam singulier de guerre, car propre uniquement à eux, les Berabich maintiennent leur vocation ancestrale de se défendre prioritairement par une rezzou guidée en réaction commune du chef tribal ou de son représentant connu.
Une mésentente politique les partageait au sujet de chefferie constitutionnelle de leur tribu tenue par Sidi Mouhammad Ould Imhimmid auquel s’oppose son jeune neveu Mahmoud Ould Dahmane Ahl Rahal Oulad Sleimane. A tous déjà troublés au niveau social, s’imposent, l’acte fondamental du jihad face à un nouvel ennemi envahisseur de leur terroir ou un accord pacifique conclu publiquement avec lui.
Mahmoud Ould Dahmane, placé au sommet traditionnel, dirige le camp essentiel d’ouverture fidèle aux objectifs de la colonisation par rapport à ses autres frères, adversaires, rigides, et mis en raison contradictoire.
La résistance communautaire s’organise autour de Sidi Mouhammad Ould Imhimmid Ahl Rahal Oulad Sleimane qui décide de guerroyer jusqu’au bout toute troupe coloniale.
Au fond émis comme fatwa de l’autorité religieuse compétente et fait accompli en union de guerriers volontaires, les premiers combats entre colons français et résistance arabe débutent par la bataille extravagante de Guire, constellation de puits au nord profond à 40 km de Boujbéha, avant celle de Mars 1896 rangée au monticule Elb-Lazrag, situé environ 150 km de la rive de Kabara.
Si partout dans la grande boucle du fleuve Niger, la période des grosses colonies et des opérations importantes de grande conquête et d’occupation est presque terminée, les Berabich récalcitrants subsistent et persistent dans leur région saharienne de Tumbouctou. « Les années suivantes voient de nouvelles opérations entreprises pour nettoyer les confins des bandes de pillards qui s’y trouvent ». -sic tableau 13 au musée colonialiste de Tombouctou.
Il ne s’agit pas de touaregs réputés, assumant une noblesse raciale qui prévaut leur identité culturelle, impériale et exotique pour des conquérants exaltés, frappés d’intérêt égoïste et pourfendeur. Dès 1897, le colonel Arsène Klobb organise une milice citadine de renseignement général, nomma Alpha Seidou chef traditionnel de la ville centrale, en remplacement d’un second Sonraï sage.
Auparavant, affaires courantes et questions urgentes d’enjeu sont gérées en association fraternelle entre habitants sédentaires, arabe, keltamasheq, coopérative, ensemble en tant que populations autochtones, égales devant leur cadi coutumier local que respecte chaque communauté ethnique paisible.
Les colons ont crée un groupe civil de chameliers destinés de s’opposer par des moyens judicieux à une guérilla bédouine, en gestation leste. Le premier chef indigène des partisans de l’armée coloniale s’appelle Mouhammad Ould Oumar Ahl Kouny Oulad Iche. Pour la petite anecdote, permis d’agir empoché, il gifle un spahi gradé, volumineux et imposteur, qui en meurt automatiquement, tympan, cerveau et cœur éclatés à la fois. Sur quoi, l’officier supérieur désemparé, s’empresse de spécifier cette décharge maladroite, en la contre signant de ne point brutaliser, désormais, quiconque mortel.
En 1898, fonctionne le corps réel des méharistes qui effectueront de nombreuses reconnaissances de terrain, luttent contre l’insécurité généralisée provoquée, combattent plus ou moins leurs frères insoumis et mobiles, patrouillent pour délimiter les frontières administratives, localisées aussi de gens nomades du terroir.
Les colons, moralement responsables de leur mal impérialiste de civilisation occidentale, prennent des sanctions sévères vis-à-vis des populations autochtones, des massacres eurent lieu dans des campements locaux qui résistent, des paysages furent brûlés et des sources d’eau empoisonnées à l’insu de familles communautaires fragilisées. Ce sont tirailleur nègre et spahi- premières unités formées en 1834- qui exécutent trop souvent leur sacré ordre disciplinaire de guerre sauvage.
Sans culture africaine positive, le soldat inconnu désappointe de repère sûr en droit universel, se comporte inhumain, pareil à une personne anodine, criminelle en puissance. Sous couvert de force militaire, de loi meilleure à tort, on est capable du pire : exécution sommaire, déportation, emprisonnement arbitraire, amende exorbitante, viol, séquestration adultérine, enlèvement de fortune, tuerie d’animaux, imposition de communautés éparses et différentes, assujetties aux armes par des maîtres étrangers et barbares pour instaurer leur pouvoir acquis, enveloppé de ratissage infernal.
Cela se déroule rarement sous l’œil impuissant de Berabich dominés militairement, recrutés au sein d’un corps initial, soldé par mois, structuré et adapté aux conditions de vie campagnarde.
Au risque de démission libre en vogue, ils n’adoptent pas un profil bas en attitude passive et amorale face aux exactions multiples, commises envers leur société pastorale et sédentaire.
La mémoire collective cite le cas exemplaire du brigadier chef Mahmoud Ould Innajym Ahl Bileid Oulad Idrys.
On s’évertue d’atténuer quelque instruction lourde d’application, en apaisant une désinvolture musclée des officiers français de cette armée composée de méharistes subalternes.
Officiers rompus, contraints de suspendre leur décision injuste, qui mettent de l’eau à leur vin par ce que, néophyte en maîtrise du Sahara, sans guide natif expérimenté, on ne parcourait pas les étendues désertiques pour en établir cartes géographiques et levée géologique impérieuse.
Subordonné dans le métier des armes par une nécessité de mieux les connaître, on suggère discrètement, en tout état de cause collective, à la jemea résistante, d’attaquer patrouilles en mission, postes retranchés et repliés de troupe coloniale, surtout durant la nuit profonde, à un moment insolite de visibilité sombre, afin qu’on se laisse éparpiller en déroute complice.
Ou de clarté obscure matinale pendant laquelle chaque homme militaire veule préfère dormir, poings fermés. En rigueur d’accrochage, on se cramponne à la vie surenchérie dans sa cachette isolée pour expédier au hasard du feu discontinu. À cet effet tactique, fusils et munitions servis ne posèrent pas la mince entrave, clinquante et flamboyante.
Encore que de la pénétration coloniale récente, résultent trois aspects renforcés et distincts d’ébullition révoltée du milieu nomade, en fonction duquel le commandement français élabore sa stratégie subtile et espiègle. Ils concourent dans une large confusion confinée entre impact parallèle de résistance Berabich, campée en profondeur dans l’Azawad et active au plan régional de Tumbouctou, banditisme intérieur éradiqué antérieurement, repris grosso modo de coupeurs de route identifiés Keltamacheq perturbateurs, et razzia lancée séparément par des tribus frontalières contre les populations locales.
Au poste de responsabilité du cercle de Tombouctou, entre le 10 Janvier 1894 et le 05 Novembre 1927 ceux qui commandaient, se succédèrent comme un chapelet égrainé sur place.
Leur courte durée de service administratif ne dépasse pas moins d’un à deux ans. La première date, entre dans la ville Bonnier, Lieutenant-colonel à titre posthume.
La deuxième date, on incendiera à Tawdanni, le caïd Al Moukhtar Alkounti Tajakanit, logé dans la forteresse de gestion du sel exploité. Il fut encerclé par une patrouille militaire dépêchée de l’arrêter pour une désobéissance sacrifiée à l’autorité coloniale.
Est on mort par surprise, en mission de visite officielle et de campagne pour mater des poches de résistance assassine, mettre le fer aux mains et pieds de quelque brave personne indiquée ?
Les colons demeurent sonnés fréquemment à leur moindre mouvement relâché dans la brousse dangereuse.
La tradition populaire rapporte qu’une centaine de commandants sont tués par les combattants Berabich, résistants et anonymes dont l’histoire détaillée se transmet toujours de bouche discrète à oreille attentive parmi leur communauté ethnique respective.
La jemea résistante barbouchie ne se confond pas à des bandes extérieures, Oulad Allouch, Regaïbate, Cheamba, Houggar, qui alignent un front de razzias répétées, une pression guerrière concomitante en pillant leur ancienne cible commune,maintenant partisane d’étrangers colons .
La chaîne interrégionale de commandement colonial a- t-elle anticipé, mûri et appliqué un plan militaire, décisif de déconfiture installée localement, en vue de contenir et d’affaiblir une célèbre alliance historique de la tribu arabe de Tumbouctou ?
La politique occidentale d’assimilation culturelle influence très peu les Berabich conservateurs, qui n’intègrent pas l’école laïque portant un modèle éducatif importé, contrariant leur vision pragmatique, latente en foi musulmane.
Leur réticence passionnelle à s’approprier des attributs de la France expansive explique- t- elle un dédain émotif de leur lutte armée, soutenue dans un désert flanqué et compris entre localités fluviales et mine saline de »Tawdanni» (temps de charger en dialecte hassanya) ?
Baliky Drissy
Le Challenger du 10 juillet 2008

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