mardi 30 décembre 2008

Biennale 2008 : KOULIKORO SURFE SUR L'AIR DU TEMPS


C’est la région de Koulikoro qui s’est soumise au verdict du jury samedi, au stade Abdoulaye Macoro Sissoko.
Puisant dans la grande histoire de la région, l'orchestre a rendu hommage à Dioba Diarra, le fondateur de Koulikoro. L’inspiration s’est ensuite fait sociale avec "Nikèkorôsigui" pour stigmatiser l'excision. Voix et instruments se sont harmonieusement accordés pour sensibiliser sur les dangers de cette pratique ancestrale : hémorragie, stérilité, divorce et mort. Autre coutume mais magnifiée celle-là : le mariage. L'ensemble instrumental de Koulikoro a présenté "Sarayamou", une chanson soninké sur la beauté du mariage.? Le chœur louera l’honneur avec "Dembé". L’honneur d’une jeunesse appeler à emprunter le chemin de la décentralisation qui mène au développement. Avec simplicité mais inspiration le chœur incite les jeunes à éviter l'exode, à étudier et à s'entraider. La chanson, fort morale, décrie le vol, le mensonge, l'injustice et le détournement des fonds publics et propose à la jeune génération des modèles comme Siramory Diabaté, Modibo Keïta, Myriam Makeba, et Kwamé N’krumah.La jeunesse figurait aussi au cœur de la pièce de théâtre présentée par la troupe de la région de Koulikoro. « Le temps » met en scène un couple qui arrive difficilement à subvenir aux besoins de ses enfants. L'homme est un cadre au chômage depuis plus de 4 ans. Sa femme, secrétaire dans une entreprise privée, démissionne car elle n'arrive plus à supporter le harcèlement sexuel exercé par son patron. Le couple tente, à partir de ses épreuves, de donner une leçon de vie à ses enfants. ?Mieux vaut garder sa dignité dans la pauvreté ... Un message est clair tout comme la critique sociale et la sensibilisation à mener en direction de la nouvelle génération. Avec des acteurs qui jouaient juste, des accessoires de scène et un décor originaux, la pièce de Koulikoro ?s’est inscrite dans l'air du temps.En terme de message et d’une voix superbe, la soliste de Koulikoro a fait tout aussi bien. Accompagnée de deux choristes, elle a chanté dans « Sababou », les maux qui ont frappé l'Afrique et qui ont trouvé des débuts de solution grâce à des pionniers qui ont œuvré pour la paix, la stabilité et le développement. Ces maux sont, entre autres, l'esclavage, la colonisation, les guerres fratricides, la famine, les épidémies, l'analphabétisme, les grèves à répétition, la dictature. « Sababou » n’a pas esquivé l’actualité du conflit du nord Mali, invitant à ce propos, la jeunesse malienne à la prudence et la patience.Toujours l’actualité mais sociale avec "Les aventures d'une servante" montrés par le ballet de Koulikoro. L’histoire est classique. Une jeune fille quitte son village pour la ?grande ville pour y gagner le prix son trousseau de mariage. Elle est embauchée dans une famille aisée. Le chef de famille profite de sa naïveté pour lui faire des avances et un enfant. Renvoyée avec une grossesse très avancée, la jeune fille traverse de dures épreuves. Sur cette intrigue très moderne, les danseurs renouent avec la gestuelle, les canevas traditionnels et beaucoup de percussions. La percussion reste, soutenant nombre d’instruments, dans une danse traditionnelle maure intitulée le « Dibabé ». Cette danse est exécutée lors des mariages, des fêtes et surtout des cérémonies d’initiation qui marquent le passage de l'enfant de l’adolescence à l'âge adulte. A cette occasion, l'enfant a le crâne rasé et reçoit le turban symbolique. Particularité du "Dibabe" : il se danse assis ou debout. Koulikoro a présenté la version assise.

Envoyés spéciauxMariam A. TRAORE et O. DIOP

Source:l'Essor n°16353 du - 2008-12-30

Biennale 2008:Troupe de Kidal,SIMPLEMENT SÉDUISANTE


La Biennale artistique et culturelle se poursuit dans la capitale des Rails. Après Tombouctou, Mopti et Ségou, la région de Kidal s’est produite mercredi dernier dans la salle Massa Makan Diabaté.
Et le moins que l'on puisse dire est que la troupe de la 8è Région a séduit plus d'un observateur par sa belle prestation. Nombre de spectateurs pensent même que Kidal est bien parti pour être la révélation de cette biennale 2008.L'orchestre moderne de Kidal qui a donné le ton de la soirée, a dédié son premier morceau à "la paix", à l'intégrité et au développement. Intitulé "Akore I-tartit", l'orchestre régional de l'Adagh lance un cri du coeur et appelle les forces vives de la nation au rassemblement autour de la paix et du développement. Les musiciens s'elèvent ainsi contre la déchirure qui menace notre pays et qui est le fait de l'ignorance et de Satan. Efes », le deuxième morceau de l'orchestre de Kidal est également un message de paix et d'union pour le développement de notre pays. Dans cette chanson, l'orchestre appelle les jeunes, les hommes et les femmes à se dresser pour vaincre les maux qui rongent notre pays et qui ont pour nom l'ignorance et l'oisiveté. Avec "Tikm n-iam", la soliste de Kidal exprime sa tristesse face à une situation dont les conséquences sont désastreuses pour la 8è Région, le Mali et l'humanité. Notre combat, dira-t-elle, doit opposer les fils du pays à l'ignorance, l'analphabétisme, la maladie, le manque d'eau. La soliste était sobrement soutenue par une guitare et un tam-tam. C’est, par contre, sur un foisonnement d'instruments - tedé, flûte, tam-tam, guita- que s’appuie l'ensemble instrumental pour mettre en musique la problématique de la scolarisation des filles à Kidal. Le drame est réel pour nombre de jeunes filles de la région, victimes innocentes "du poids de la religion et de la culture". Pour mettre fin à cette situation, l'ensemble instrumental s’en remet aux leaders et aux décideurs. Ils doivent aider la fille à aller à l'école pour être utile à sa communauté et à l'humanité et pour défendre ses droits.Le choeur a chanté "Sida", traduisant ainsi la volonté de Kidal de s'engager résolument dans la lutte contre ce fléau. La jeunesse est invitée à l'abstinence, la fidélité et le préservatif pour éviter la maladie. Avec la volonté et la confiance mutuelle, le mal du siècle peut être vaincu, assurent les choristes. Kidal a ensuite présenté "Iswt", une danse traditionnelle populaire chez les Kel-Tamashqs de l'Adar des Iforas. Iswt est dansé dans les campements nomades et lors des fêtes traditionnelles et religieuses. La cantatrice accompagnée de femmes et d'hommes, chante la bravoure, le courage, l'amour et la tristesse. Les hommes se succèdent, chacun exhibant son talent de danseur. « Lakkol i-talyat », le ballet, invite les filles à aller à l'école. Le développement d'un pays passe, en effet, par la scolarisation massive des filles. Ce thème a particulièrement inspiré la troupe de Kidal durant une soirée qui a tenu le public kayesien en haleine pendant près de 3 heures.

Mariam A. Traoré

O. Diop

Source:l'Essor n°16352 du - 2008-12-29

samedi 27 décembre 2008

Mali-Arabie saoudite : 45 MILLIONS DE FCFA POUR EQUIPER L’INSTITUT AHMED BABA




Le royaume d’Arabie saoudite est attentif à la bonne marche de l’Institut de recherche et de documentation Ahmed Baba de Tombouctou.
Après un premier financement de 100.000 dollars (environ 45 millions de Fcfa) qui a permis de réhabiliter des bâtiments et de restaurer des manuscrits, Ryad vient de mettre à la disposition de l’institut, une deuxième tranche de 100.000 dollars. La cérémonie de remise a regroupé, la semaine dernière, autour du ministre des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche scientifique, Amadou Touré, et de l’ambassadeur du royaume d’Arabie saoudite, Fawaz Altimyat, les directeurs et chefs de service du département. Ce geste entre en application du protocole d’accord signé le 18 juin 2006 entre notre pays et le royaume saoudien portant sur un appui financier total de 305.000 dollars (environ 140 millions Fcfa) livrable en trois tranches. La première tranche de subvention d’un montant de 100.000 dollars (environ 45 millions de Fcfa), remise le 27 août 2007, a permis de rénover l’enceinte de l’institut. La subvention actuelle, expliquera le diplomate saoudien, financera des équipements, la conservation des manuscrits, l’édition de prospectus et de dépliants, la création d’un site Internet, la collecte et l’achat de manuscrits et la formation des agents. « Cette aide s’inscrit dans le cadre de la coopération culturelle entre le royaume d’Arabie Saoudite et la République du Mali ainsi que dans l’intérêt constant du Roi Abdallah Bin Abdul Aziz Al Saoud d’appuyer ce patrimoine rare se trouvant au Sud du Sahara, singulièrement dans la ville sainte et historique de Tombouctou », a indiqué Fawaz Altimyat. Le ministre des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche scientifique a remercié le royaume pour les relations exemplaires qui lient nos deux pays et la qualité exemplaire de cette coopération. « Cette coopération multiforme, qui s’inscrit dans le cadre de la solidarité islamique, s’est manifestée depuis des années par l’appui que vous avez bien voulu apporter à l’institut des hautes études Ahmed Baba de Tombouctou », a indiqué Amadou Touré. Le ministre a souhaité que cette coopération dynamique se renforce et se développe.



Doussou DJIRÉ



Source:l'Essor n°16351 du - 2008-12-26

vendredi 26 décembre 2008

Biennale 2008 : DANS LES REGLES DE L’ART


La pièce de théâtre présentée par Ségou agit sur tous les ressorts de l’œuvre dramatique.
Rééditer son succès de la biennale 2005, telle est le désir légitime de la troupe de Ségou. Elle avait obtenu une deuxième place méritée lors de cette manifestation. Cette belle performance était due en grande partie au maximum de points que la troupe de la 4è Région avait engrangés grâce à sa pièce de théâtre. Cerise sur le gâteau, le trophée du meilleur comédien avait été enlevé par l’un de ses acteurs.La troupe a, semble-t-il, tiré une bonne une leçon de ce succès, à en juger par la qualité de la pièce de théâtre présentée au jury mardi soir au stade Abdoulaye Macoro Sissoko. Intitulée « Dougou tigui den » ou la fille du chef de village, l’œuvre résume le drame provoqué par la mort de la fille unique du chef de village lors de son excision.L’auteur, Mamadou Sangaré dit Virus, a su choisir les mots justes et les actions précises pour sensibiliser sur les méfaits de cette pratique ancienne. La pièce agit sur tous les ressorts de l’œuvre dramatique. Le spectateur est capté du début à la fin de la pièce. D’abord par la pertinence du thème et le traitement qui en est fait. L’excision considérée comme source d’une foule de problèmes de santé de la mère et de l’enfant est aujourd’hui décriée par tous les services de santé. La pièce de Ségou réunit tous les ingrédients pour attirer l’attention du public. D’abord grâce à un jeu d’acteurs cohérent. Les comédiens ont su se défaire des gestes inutiles pour aller à l’essentiel. Ensuite par les costumes, les décors, les accessoires de scène, le bruitage et l’éclairage qui collent parfaitement au contexte et qui traduisent les efforts de recherche entrepris par le metteur en scène.Selon les spécialistes, une pièce de théâtre doit respirer comme un homme en bonne santé. D’où l’importance des « fenêtres ». Il s’agit de ces moments de détente permettant aux spectateurs de souffler, afin de mieux se reconcentrer sur la suite. Ségou a aussi usé de cette technique mardi soir.Le seul reproche marquant à faire à la pièce est, en définitive, que certains personnages sont assez mal habités par les comédiens.


Envoyés spéciauxY. DOUMBIA et O. DIOP


CE WEEK-END SERA CHAUD !


La ville de Kayes continue de vibrer au rythme des manifestations artistiques et culturelles de la Biennale. Ce week-end s’annonce très animé. Après les régions de Tombouctou, Mopti, Ségou, Kidal, Sikasso, trois autres troupes entrent en scène. Le week-end démarrera par la troupe de Kayes dont la prestation est évidemment très attendue ce soir sur ses terres et devant son public. La région de Koulikoro et le district de Bamako entrent en compétition respectivement demain et dimanche.La région de Kayes clame, au risque d’agacer certains, que son seul objectif demeure la première place du classement général. En a-t-elle les moyens ? On le verra dès ce soir. En attendant, il faut savoir que les deux airs de compétition de l’orchestre régional sont intitulés « N’tori », le crapaud en langue nationale bambara, et « le chant du coq ». Ce dernier morceau, explique Habou Doumbia, le directeur de la troupe, est joué sur un rythme afro-américain. Le titre rend hommage à tous ceux qui ont lutté pour la reconnaissance des droits des Noirs en Amérique. Il s’agit, on s’en doute, d’un clin à l’élection du premier Noir à la présidence de la première puissance mondiale : Barack Obama.Quant aux autres disciplines que sont l’ensemble instrumental, le chœur, le solo de chant, la danse traditionnelle, la pièce de théâtre et le ballet à thème, elles seront, à l’image du second morceau de l’orchestre, inspirées par l’actualité brûlante. On y délivre des leçons de morale en dénonçant des comportements déviants de la société actuelle. La pièce de théâtre et le solo de chant évoquent l’épineuse question de l’émigration, un sujet particulièrement à-propos dans une région qui fournit traditionnellement de gros contingents de migrants. La lutte contre la corruption a plutôt inspiré le chœur.Quant à la troupe de Koulikoro, son ambition est faire mieux qu’en 2005 à Ségou. La 2è Région semble avoir mis les bouchées doubles pour éviter de rééditer son échec d’alors. Pour ce faire, elle s’est fortement appuyée sur les valeurs du patrimoine qui font la fierté des Bambaras, Maures, Soninkés et Malinkés qui peuplent la région. Mercredi encore, l’ordre de passage des numéros n’était pas encore établi. Sékou Sangaré, le directeur de la troupe nous a expliqué à ce propos, que les différents ateliers continuaient à peaufiner leur travail. C’est cet ultime revue qui déterminera l’ordre de passage. On sait néanmoins qu’à l’instar d’autres troupes, l’orchestre ouvrira le bal. Son premier titre est un hommage à Djoba Diarra, le fondateur de la ville de Koulikoro. Et le second intitulé « Nèguè koro sigui » évoque l’excision des filles. Les thèmes relatifs à la femme sont privilégiés dans les autres créations comme le rôle de la mère dans le mariage d’une fille en milieu soninké pour l’ensemble instrumental. « Le temps », est une pièce qui évoque la fidélité indéfectible de la femme à son époux et à la société. Le ballet raconte les aventures des aide-ménagères dans les grandes villes. Celles-ci sont victimes de nombreux abus comme les harcèlements sexuels et les escroqueries et de toutes sortes de mauvais traitements. Le solo et le chœur s’intéressent respectivement à l’exode rural et à la jeunesse.C’est dimanche que la troupe de la capitale se produira sur les planches du stade Abdoulaye Macoro Sissoko. Ses responsables se disent sereins, malgré la pression croissante que font peser sur le District, ses concurrents. La capitale est la cible de tous pour la détrôner. Les Bamakois ont donc un avantage psychologique et entendent bien s’appuyer dessus pour ratisser un maximum de points dans les disciplines majeures comme la pièce de théâtre, l’orchestre et le ballet et ne pas être ridicules dans les autres domaines. Comme en football, sa géographie aide la capitale qui peut entretenir sa troupe en permanence ou presque. Ainsi de septembre à décembre, la troupe de Bamako effectuait deux répétitions par semaine, explique Moussa Mariko, le directeur de la troupe. L’avantage est indéniable mais de peu de poids sans le talent et l’inspiration. Ces qualités, Bamako a démontré par le passé qu’il les avait. Qu’en sera-t-il cette fois ? La capitale surfera sur l’actualité : la crise économique mondiale qui frappe de plein fouet les ménages, la paix au Mali et en Afrique, l’émigration. Ces questions sont abordées par l’orchestre, le chœur, le solo de chant et l’ensemble instrumental. Quant à la danse traditionnelle, elle met en scène l’initiation des jeunes en milieu bambara à Bougouni.Le ballet est intitulé « Guedo, l’enfant terrible ». Il faut rappeler que lors des trois dernières éditions, le ballet de Bamako dirigé par Karim Togola s’est toujours classé premier et que son auteur et metteur en scène a toujours remporté le trophée du meilleur maître de ballet. Il n’a nulle intention de déroger à cette agréable habitude.

Y.D. et O. D.

Source:l'Essor n°16351 du - 2008-12-26

mercredi 24 décembre 2008

Biennale 2008 : MOPTI FIDELE A SA REPUTATION


Au regard de ce que l’on a vu, la région peut être créditée d’une très bonne prestation
Au deuxième jour des prestations des troupes en compétition, la région de Mopti est entrée en scène. Elle était très attendue surtout pour son orchestre moderne, l’emblématique Kanaga. Il faut dire qu’au chapitre des orchestres, Mopti a connu beaucoup de succès par le passé. Pour preuve, c’est elle qui avait remporté la première place dans cette discipline lors des trois dernières éditions. La région avait donc une réputation à défendre. Lundi soir, au stade Abdoulaye Macoro Sissoko, elle a confirmé et même agréablement surpris dans les autres disciplines où on ne l’attendait pas, à savoir le ballet à thème, la danse traditionnelle et l’ensemble instrumental. Ici, « Wakati wayli tèkè (les temps ont changé) en langue nationale peulh, est le titre du premier morceau chanté. Un patchwork de sonorités. Le morceau fait intervenir les langues dogon, peulh et bozo, signe de la riche diversité ethnique et linguistique de la région. Ce morceau reste malgré tout très cohérent et harmonieux. Et les messages qu’il véhicule sont forts : appel aux générations actuelles à continuer à défendre notre indépendance, notre liberté et notre démocratie chèrement acquise.« Dièmè Ganran » rythme la danse traditionnelle et met en exergue l’apport des forgerons à la civilisation de la région. En effet, si les nombreux aspects de culture dogon sont connus compte tenu de l’attrait que cette ethnie a exercé sur les chercheurs et touristes, l’apport des forgerons à cette culture est apparemment moins exploité. En quête d’originalité et d’inédit, mais aussi dans le but de la faire connaître, la région a adapté à la scène moderne la danse des forgerons. Dans « Dièmè Ganran », les danseurs, danseuses et batteurs entrent sur scène, précédés d’un dignitaire traditionnel chargé de chasser tous les esprits maléfiques et neutraliser ceux qui sont venus avec de mauvaises intentions. Le dignitaire esquisse les premiers pas de danse, avant d’être imité par les autres. Cette danse est exclusivement réservée aux membres de la société des forgerons.Le Kanaga a proposé une prestation digne de sa réputation. Comme à l’accoutumée, sa musique est un bloc où le spectateur n’a pas le temps de prêter attention à un instrument en particulier. Mais cette fois, le balafon a un peu haussé la voix. Ce qui fut tout bénéfice pour un orchestre connu aussi pour sa grande capacité à intégrer les instruments traditionnels.Dans le premier morceau de compétition, l’orchestre traite de questions comme l’émigration clandestine. Le morceau est intitulé « Ouin vènou », émigration en Bobo. On comprend que la jeunesse, fragilisée dans sa quête d’un emploi rémunérateur, s’interroge sur son sort. Que faire dans nos pays où le chômage s’accentue de jour en jour ? La frange la plus active de nos sociétés ne trouve d’autre réponse que de braver le désert, la mer et les polices pour rallier « l’Eldorado » européen. Les jeunes sont guidés par une seule devise dans cette aventure : « traverser ou périr ».Puis, le Kanaga rend hommage au Hogon, le chef suprême des Dogons dans « Ogon nawaye » ou « salut au Hogon ». Son intronisation donne lieu à de grandioses cérémonies au cours desquelles, il assiste à ses propres funérailles. Ces cérémonies sont clôturées par son installation dans son temple.Au regard de tout ce que l’on a vu, lundi soir, la région de Mopti peut être créditée d’une très bonne prestation.


Envoyé spécialY. DOUMBIA

Source:l'Essor n°16350 du - 2008-12-24

"Riworo" : LE JOUR DE GLOIRE DES BERGERS



La fête symbolise des valeurs et vertus ancestrales comme la reconnaissance de l’effort et du mérite, la confiance en soi et l'attachement des jeunes à leur passé et leur ouverture sur l'avenir
La coutume s’est installée depuis plus d'un demi siècle dans le Gondo, contrée formée de trois communes rurales : Diankabou, Madougou et Dioungani. Sur ce territoire habité par des Peuls et des Dogons, le "Riworo" marque le retour triomphal des jeunes bergers après quatre mois de privations, d'intempéries, de dangers encourus pendant la transhumance pour nourrir les animaux. Pendant toute cette période, en effet, les bergers se nourrissent exclusivement de lait de vache et d'eau.Leurs retrouvailles avec leurs familles donnent lieu depuis des décennies à une sorte de compétition pour désigner le meilleur berger. Celui-ci accède à ce rang grâce essentiellement à l'embonpoint de son troupeau. Samedi, le petit village de Dioungani, situé à 57 km au nord de Koro, a vibré au rythme de cette fête traditionnelle à laquelle ont pris part près d'un millier de personnes. Les festivités se sont déroulées en présence du ministre de l'Elevage et de la Pêche, Mme Diallo Madeleine Bâ, des autorités administratives de la région de Mopti, du maire de la commune de Dioungani, Issa Nila Guindo et d’invités de marque parmi lesquels une délégation venue du Burkina Faso, l'ambassadeur du Mali auprès de l'Union européenne, Ibrahim Bocar Bâ, et le président directeur général de la Banque malienne de solidarité, Babaly Bâ.La fête a été belle. Chants et danses traditionnels peuls, prestations des danseurs dogon, cris de joie des jeunes bergers et beuglement des bœufs, tout était réuni pour électriser le climat sur la place publique de Dioungani. Cette édition du "riworo", médiatisée pour la première fois est dédiée au président de la République, Amadou Toumani Touré. "C'est la première fois que je vois ça dans notre village. Tout ce beau monde en un seul coup chez nous, c'est du jamais vu", confiait le jeune berger Hama, les yeux hagards devant cette foule incroyable.
49 COMPETITEURS : Dioungani grouillait littéralement de monde ce jour. Le brouhaha et les clameurs étaient assourdissants. Hommes et femmes, jeunes et vieux sont sortis massivement pour marquer leur adhésion à ce qu'ils considèrent désormais comme un nouveau départ pour le "Riworo". Organisé par les associations d'éleveurs du cercle de Koro, le "Riworo" ou encore la fête des boeufs fait partie intégrante de la culture peul. Le "Riworo", au-delà de l'aspect festif, symbolise tout un pan de la culture peul, des valeurs et des vertus ancestrales comme la reconnaissance du mérite, la confiance en soi et l'attachement des jeunes à leur passé et leur ouverture sur l'avenir. "Au fait il s'agit du retour des animaux de la transhumance. C'est une très grande fête durant laquelle on choisit le troupeau le plus gras. Cela fait plus de 60 ans qu'on célèbre cet événement dans le Gondo. L'objectif étant de créer l'émulation entre les jeunes bergers", explique Abdoulaye Barry, alias Allaye Douna, technicien d'agriculture, natif de Dioungani.La concurrence est, en effet, forte et le défi omniprésent. Rien de tel parfois que l’ironie pour déstabiliser les concurrents. Un des jeunes bergers s’est ainsi proposé d'être le « mari » des autres concurrents pour la prochaine année. Et pour concrétiser cette intention, il leur a distribué des noix de cola en leur lançant à la figure : "mi happi" (je vous ai attachés en fulfuldé, ndlr).Mais au delà du jeu et de la compétition, le « Riworo » permet de booster la production laitière et d’améliorer les rapports sociaux entre les communautés peule et dogon qui vivent en harmonie dans la contrée. A l’instar du "Riworo" dans le Gondo, ce trait de la culture peule se manifeste dans d'autres localités. Le "Jaarè" (célébré à Nioro du Sahel), le "Jaaral" (Diafarabé) et le "Deegal" (dans la zone de Youwarou) marquent tous le retour des animaux au village d'origine et constituent des événements culturels phares de quatre aires géographiques réputées pour l’élevage du bétail dans notre pays. A la différence des trois autres, le "riworo" est logé dans les zones exondées. Très tôt le matin, le village de Dioungani était couvert d'un nuage de poussière. Chacun voulait être témoin de ce moment magique : celui de la désignation du meilleur berger. Le concours met aux prises 49 compétiteurs issus des 11 villages environnants.
PLUS DE 30 MILLIARDS DE RECETTES D’EXPORTATION : Le jury composé de neuf membres (Maliens et Burkinabé) a désigné cette année le jeune Boucary Gondou Diamhalla du village de Aldiouma comme meilleur berger de la saison. Il remporte ainsi le grand prix "Amadou Toumani Touré" doté d'un million de Fcfa, plus un "Kufunè Djerti" (un bonnet peul serti d’argent). Le deuxième prix, doté d'une somme de 70.000 Fcfa, plus un vélo et un chapeau est revenu à Hamadou Mikaïlou de Aldiouma, tandis que Djibirilou Hamadou Ousmane de Komni a empoché 50.000 Fcfa, plus un vélo et un chapeau. Les quatrième et cinquième prix de 40 et 30.000 Fcfa, plus deux postes radios sont revenus respectivement à Oumarou Hamidou (Aldiouma) et Baka Ousseini de Tanfadala. Chacun des gagnants a reçu également 3 sacs de tourteaux et 2 sacs de sel. Notre pays dispose de plus de 8 millions de boeufs, 27 millions de moutons et de chèvres. L'élevage est donc l'une de nos plus grandes richesses, constatera Ibrahim Bocar Bâ. Notre pays est le premier producteur de l'espace UEMOA dans ce secteur qui fournit ainsi à l'économie nationale 11% du produit intérieur brut (PIB), avec plus de 30 milliards Fcfa de recettes d'exportation, et des revenus à 30% de la population. La région de Mopti concentre, selon les statistiques officielles de la DNSI, le plus important cheptel du pays (22%), devant Sikasso (20%). "Nous devons avoir à l'esprit que dans le Gondo, l'élevage représente le meilleur atout de la lutte contre la pauvreté. Le fort potentiel existant est loin d'avoir été exploité, tant pour ses capacités à contribuer à la sécurité alimentaire du pays, que pour la création de valeurs ajoutées et d'emplois dont il regorge", a estimé l'ambassadeur Ibrahim Boubacar Bâ. L'élevage contemplatif, l'exportation de bétail sur pied avec des pertes de poids en chemin et les énormes importations de produits laitiers (15 à 17 milliards Fcfa par an) sont autant de défis à relever par le secteur, a-t-il signalé.
10.000 DOSES DE VACCINS : Le développement de l'industrie de la viande et du lait, l'assurance de la protection sanitaire, les vastes programmes d'aménagement pastoraux, la construction de marchés à bétail, l'investissement dans l'hydraulique pastorale etc, constituent autant d'efforts salués par Ibrahim Bocar Bâ. Celui-ci a profité de l'occasion pour annoncer un nouveau Programme indicatif de coopération Mali-Belgique à deux volets couvrant l'amélioration de la race de boeufs Azawac de Ménaka et celle des zébus maures. Le ministre de l'Elevage et de la Pêche a remercié les organisateurs, félicité et encouragé les jeunes qui, des mois durant, se sont exclusivement consacrés à l'entretien de leurs troupeaux. Le "riworo", a jugé Mme Diallo Madeleine Bâ magnifie le potentiel du cheptel qui joue un rôle éminent en matière de satisfaction des besoins en produits animaux et de création d'emplois et de richesses pour les populations. "L'embonpoint excellent des animaux de retour de la transhumance est la preuve tangible de l'amour du berger et aussi de toutes les peines consenties par lui durant des mois au profit de l'entretien adéquat du troupeau. Cependant il conviendra d'organiser des campagnes de constitution de stock de foin et de paille bottelée pour amoindrir, voire annihiler le choc des difficultés alimentaires sur le bétail pendant la saison sèche. Ceci permettra d'assurer une durabilité des productions animales tout le long de l'année", a suggéré le ministre, avant de remettre aux éleveurs, au nom du président de la République, 10.000 doses de vaccins contre le charbon symptomatique et la pasteurellose bovine.
L. DIARRA
Source:l'Essor n°16350 du - 2008-12-24

mardi 23 décembre 2008

ATTAQUE CONTRE LE CAMP DE NAMPALA : Ferme condamnation du Président WADE !‏



Monsieur le Président et Cher Frère,
Je suis profondément choqué d’apprendre l’attaque barbare contre le camp de Nampala, dans laquelle plusieurs de vos compatriotes ont perdu la vie.
Au nom du peuple sénégalais, je condamne très fermement cet acte répugnant et inhumain qu’auoene cause ne saurait justiffer.
En vous adressant, ainsi qu’aux familles endeuillées et au peuple malien ami et frère mes condoléances émues, je prie avec vous pour le repos de l’âme des victimes et souhaite prompt rétablissement aux blessés.
Avec l’expression de ma profonde mmpassion et de ma solidarité, je vous prie de croire, Monsieur le Président et Cher Frère, l’assurance de ma très haute et fraternelle considération.

Abdoulaye WADE

Président de la République du Sénégal

Cellule Communication Présidence de la République du Mali BP 10 Bamako
Tél./Fax : +223 20 70 20 07

Message de condoléances du Président de la République, suite au décès du Général Lansana CONTE‏


C’est avec une profonde affliction que le peuple malien, tout entier, a appris, hier, le décès du Général Lansana CONTE, Président de la République sœur de Guinée-Conakry.
En cette douloureuse circonstance, je m’incline très respectueusement devant la dépouille de l’illustre disparu, et présente nos sincères condoléances à sa famille éplorée, au Gouvernement ainsi qu’au peuple frère de Guinée.
Du Président CONTE, nous gardons le souvenir d’un Grand Homme d’Etat qui a donné le meilleur de lui-même pour le raffermissement et la consolidation des relations de fraternelle coopération qui existent entre la République de Guinée et le Mali.
La sous-région Oust-africaine se souviendra encore longtemps du rôle combien central qu’il a joué dans la stabilisation d’une partie de l’Afrique de l’Ouest en proie à des conflits de tous ordres depuis la fin de la décennie 90. On retiendra particulièrement son leadership dans la gestion des conflits qui se sont développés dans les pays riverains du Fleuve Mano.
Le peuple malien et l’ensemble de ses Institutions s’associent à la douleur du peuple frère de Guinée, et prient pour que le Tout-Puissant accorde le repos éternel à l’illustre disparu.
Dors en paix, mon Général !

Koulouba, le 23 décembre 2008
Le Président de la République
Amadou Toumani Touré
Cellule Communication Présidence de la République du MaliBP 10 BamakoTél./Fax : +223 20 70 20 07
http://www.koulouba.pr.ml

Biennale 2008 : TOMBOUCTOU FAIT BONNE IMPRESSION


Très éclectique, la troupe de la Cité des 333 saints a traité de la paix au nord de notre pays, de la religion, de l’émigration, de l’excision, de l’unité africaine, du divorce, de la corruption .
Après la cérémonie d’ouverture et les inaugurations, la soirée d’ouverture avec les troupes des Maliens de France, l’orchestre de l’INA et Habib Koïté, qui ont drainé un public nombreux samedi, les choses sérieuses ont commencé dimanche soir.Tandis que la troupe de Mopti se produisait dans la salle Massa Makan Diabaté pour l’enregistrement audiovisuel, celle de Tombouctou montrait son savoir-faire au jury au stade Abdoulaye Macoro Sissoko. Un public enthousiaste de près de 3 000 spectateurs a pris d’assaut la salle prouvant par leur présence que les Kayésiens sont acquis à la biennale artistique et culturelle.Malgré quelques difficultés techniques, la troupe de Tombouctou a fait une très bonne impression. La paix au nord de notre pays, la religion, l’émigration, l’excision, l’unité africaine, le divorce et surtout la corruption et le népotisme dans la démocratie sont les préoccupations pointées par les Tombouctiens.Dans une mise en scène assez homogène, les comédiens de la Cité des 333 saints ont présenté une pièce de théâtre qui retrace les péripéties de la pénétration coloniale à Tombouctou. La scène se passe en prison où sont embastillés toutes sortes d’individus : une vieille femme dénommée « Mama Africa », Moctar, un opposant aux idées révolutionnaires, un trafiquant, un voleur etc.Moctar tente de convaincre ses camarades de la nécessité de travailler correctement, sans accepter la corruption afin d’aider le pays à aller de l’avant. Ses interlocuteurs lui suggèrent eux de s’employer plutôt à sortir de prison et à s’exiler en Europe pour aller faire triompher ses idées.« Mama Africa » profite de l’occasion pour lui rappeler quelques faits historiques. Pour entrer dans la ville de Tombouctou, les Blancs ont dû s’allier des autochtones, bannis par le roi. Ils ont imposé leur culture de l’école, aboli l’esclavage et installé un traitre sur le trône royal. Si les accessoires de scène et les costumes des personnages s’avéraient parfaitement adaptés, le jeu des acteurs pouvait parfois s’assimiler à une simple récitation.Le thème de l’émigration clandestine reviendra dans le solo de chant. La soliste de Tombouctou invite, dans une belle envolée lyrique, les jeunes à rester dans leur pays pour protéger et sauvegarder l’héritage de Ahmed Baba, de Soundiata Kéïta, de Babemba Traoré et des autres vaillants guerriers qui ont marqué l’histoire du Mali.La consolidation de l’Unité africaine, seul gage du développement, passe par la paix et le bon comportement des leaders, tel est le message véhiculé par le chœur. C’est une ode à l’Afrique qui souffre de la misère, des guerres fratricides, des rebellions récurrentes, de maladies comme le sida, le paludisme. L’ensemble instrumental, composé de n’gonis, violons, monocordes, flûtes, et autres percussions a défendu le droit des femmes, des enfants et de la famille.Dans le ballet à thème, Tombouctou a souligné les méfaits de l’excision à travers des jeunes filles qui ont éprouvé des problèmes à l’accouchement. La danse traditionnelle "Kadda" a, elle, traité du divorce en milieu tamasheq.Dans ses deux morceaux de compétition, l’orchestre régional, le Djaba, invite les autorités à faire confiance aux populations, aux leaders religieux et à chacun de nous pour résoudre le problème du nord. Le constat de la chanson est clair : les négociations directes, l’appui des pays amis et les forums n’ont pu apporter la solution. Celle-ci se trouve dans notre culture.C’est Mopti qui se produira aujourd’hui au stade Abdoulaye Macoro Sissoko devant le jury et le grand public tandis que la troupe de Kidal occupera la salle Massa Makan Diabaté.Le concert du Carrefour des jeunes sera animé à partir de 16 heures par l’orchestre de Koulikoro. Au même moment, les troupes invitées que sont Babemba et celle des Maliens de France, se produiront en off, respectivement sur la scène installée en plein air face au stade Abdoulaye Macoro Sissoko et dans le quartier de Kayes N’di, sur la rive gauche du fleuve Sénégal.

Y. DOUMBIA

Source:l'Essor n°16349 du - 2008-12-23

lundi 22 décembre 2008

Ouverture de la Biennale 2008 : GRANDIOSE



La cérémonie inaugurale a été parfaitement organisée. On attend la suite avec optimismeLa fête a été à la dimension de l'événement : l’ouverture de la Biennale artistique et culturelle 2008. La cérémonie a été présidée samedi à Kayes
par le président de la République, Amadou Toumani Touré accompagné de son épouse, Mme Touré Lobbo Traoré.Le stade Abdoulaye Makoro Sissoko de Kayes qui a abrité l'événement était noir du monde. Les Kayésiens sont, en effet, sortis massivement pour occuper les 20 000 places du stade. La mobilisation a été exceptionnelle. C'est en effet la jeunesse de toutes les régions du pays qui s'est donnée rendez-vous dans la capitale du Khasso pour entrer en compétition, mais aussi pour fêter dans la plus grande communion. La cérémonie qui a été riche en couleurs s'est déroulée en présence du Premier ministre, Modibo Sidibé, des membres du gouvernement, des gouverneurs de nos différentes régions et de nombreux invités.C'est tout le public qui s'est levé pour acclamer pendant des minutes l'entrée du chef d'État dans le stade aux environs de 16 heures. Après l'exécution de l'hymne national et la montée des couleurs, le président Amadou Toumani Touré a fait le tour d'honneur du stade dans une ambiance festive. La descente des parachutistes a été la cerise sur le gâteau. Le public a été émerveillé par l'atterrissage impeccable des six parachutistes sur la pelouse du stade Abdoulaye Makoro Sissoko.La cérémonie s'est poursuivie avec l'entrée sur la pelouse des différentes troupes. Chaque délégation régionale était habillée aux couleurs du terroir. Comme pour signifier que le Mali est un pays de diversité culturelle.Après cette séquence, place aux discours. C'est le maire de Kayes, Hamidou Koné qui est intervenu le premier pour souhaiter la bienvenue au chef de l'État et à toutes les délégations régionales qui ont fait le déplacement. Il a remercié tous ceux qui ont soutenu les préparatifs de cet événement et plus particulièrement la communauté des ressortissants à Evry (France) jumelée à la commune de Kayes, qui a fait une contribution de 16 millions de Fcfa pour l'assainissement de la ville à l'occasion de cette rencontre de la jeunesse malienne.Le gouverneur de la Région de Kayes, le colonel Mahamadou Maïga s'est dit très touché, pour sa part, de la grande mobilisation de la jeunesse du pays dans la « capitale des rails ».Cette Biennale artistique et culturelle à Kayes restera un événement, a poursuivi le colonel Maïga. Selon le gouverneur de la 1ère région, l'événement est d'une importance capitale, en ce sens qu'il mettra en exergue pendant dix jours, les valeurs culturelles et artistiques de notre pays. Le colonel Mahamadou Maïga a apprécié une dimension particulière de la biennale, celle de constituer, au delà de son aspect artistique et culturelle, l'unité nationale par le brassage de la jeunesse de toutes les régions du pays. Le colonel Maïga a salué toutes les forces vives de la région qui sont restées mobilisées pendant plus d'une année pour assurer la réussite de l'événement.Quant au ministre de la Culture, Mohamed El Moctar, il a mis l’accent sur l'importance de la Biennale artistique et culturelle qui permet non seulement de valoriser le riche patrimoine culturel et artistique de notre pays, mais qui constitue aussi une opportunité pour l'émergence des jeunes talents. Il a salué les autorités et la population de Kayes pour avoir réuni les bonnes conditions, afin que les différentes délégations puissent passer un agréable séjour dans la « cité des rail ». Le président de la République a fait un bref discours dans lequel il a salué la présence de toutes les délégations régionales et plus particulièrement la délégation de Kidal qui a mobilisé plusieurs jeunes. Le chef de l'État a saisi l'occasion pour évoquer l'attaque du poste militaire de Nampala par des groupes inconnus et a appelé du haut de la tribune de la Biennale à l'unité nationale du pays (Voir article sur l’attaque de Nampala). « J'ai appris l'attaque d'un poste militaire par certains de nos frères lorsque je se suis réveillé ce samedi. La présence de la région de Kidal à cette biennale à Kayes montre que notre pays reste uni et soudé. Et quelques soient les difficultés, rien ne vaut l'unité du pays et personne ne peut diviser le Mali », a déclaré le président Amadou Toumani Touré.Le défilé des forces vives avec en tête les pionniers et le passage des différentes délégations ont constitué le clou de la cérémonie d'ouverture. Chaque troupe régionale a fait une démonstration de force en esquissant des pas de danse devant les officiels. Le public a chaudement applaudi la démonstration de la délégation des Maliens de la France qui a montré son profond attachement à la culture du pays.La cérémonie a pris fin par la présentation de la légende de « Mali-Sadio » et une chorégraphie montée par Kardjigué Laïco Traoré. La nuit tombée, le chef de l'État et son épouse ont assisté à la sortie sur scène de la troupe de la délégation des Maliens de la France dans la nouvelle salle Massa Makan Diabaté.


Envoyés spéciauxM. KÉITAH. KOUYATÉ


UNE SÉRIE D'INAUGURATIONS

Le séjour du président de la République dans la capitale du Khasso n'a pas été du tout repos. Dès son arrivée, Amadou Toumani Touré a inauguré un certain nombre d'infrastructures. Il s'agit de la nouvelle salle de spectacles Massa Makan Diabaté, la salle de spectacles Moussa Mody Sissoko et la nouvelle galerie d'exposition. La nouvelle salle Massa Makan Diabaté qui a été érigée au quartier Légal-Ségou a une capacité d'accueil de plus de 1000 places. Elle a coûté plus de 300 millions de Fcfa, une contribution de la présidence de la République. La présidence a aussi contribué à la rénovation de la salle du Carrefour des jeunes baptisée Moussa Mody Sacko. Elle a une capacité d'accueil de 304 places. Le chef de l'État a salué la mémoire de ces deux hommes de culture qui ont marqué leur temps. Le président Touré a également inauguré la galerie d'exposition qui comprend trois salles d'exposition. Son coût de réalisation est estimé à plus de 45 millions Fcfa. Le président Touré a admiré l'exposition des photos de différentes éditions de la Biennale, de 1962 (quand il s’agissait encore de la Semaine artistique et culturelle) à 2005. La plupart de ces photos proviennent des archives de l'Agence malienne de presse et de publicité (AMAP). Nous reviendrons sur ces cérémonies d’inauguration.

M.K

H.K

Source:l'Essor n°16348 du - 2008-12-22

Appel solennel à l’unité nationale


Incapables d’attaquer dans la zone où ils ont leurs bases, les insurgés ont voulu faire diversion .
L’attaque de Nampala par des bandits armés, dans la nuit du vendredi à samedi marque certainement un tournant dans la situation au nord du pays. En effet, c’est la première fois que les insurgés dirigés par Ibrahim Ag Bahanga agissent en dehors de leur zone habituelle qui se trouve dans le secteur de Tizawatten dans la Région de Kidal. Il faut préciser que Nampala se trouve dans la Région de Ségou, mais bien au nord du pays. Les assaillants ont attaqué le poste militaire de la localité, dirigé par un lieutenant-colonel aux environs de 3 heures du matin. Selon les informations que nous avons réussies, ils étaient à bord de 16 véhicules de type 4X4 bien équipés, et qui transportaient une cinquantaine d’hommes. Les combats ont été très durs. Ils ont duré de 4 heures jusqu’à 8 heures. Nos forces armées ont été prises par l’effet de surprise. Elles ont ensuite vigoureusement réagi et repoussé les assaillants avec un bilan lourd. Selon nos sources, les combats ont fait 15 morts et 13 blessés (dont 12 morts au cours des affrontements) du côté de l’Armée. Les blessés ont été transportés vers Diabali pour les premiers soins, avant d’être référés au centre santé de référence de Niono, puis sur l’hôpital régional de Ségou. Deux bandits ont été faits prisonniers. Le bilan dans le rang des insurgés est difficile à établir. « Les bandits armés prennent toujours soin de ne jamais laisser leurs morts sur le théâtre des opérations, même au péril de leur vie. Ils les emportent toujours pour ne pas laisser de preuves matérielles, car ils opèrent avec les éléments du MNJ (Ndlr : Mouvement des Nigériens pour la justice) du Niger. Nous savons quand même qu’il y a eu beaucoup plus de victimes chez eux », explique une source proche de la Direction des relations publiques de l’Armée (Dirpa), en précisant qu’ils ont amené trois de nos soldats en comme otages.Selon la même source, les services des renseignements avaient constaté les mouvements des insurgés depuis la veille de la fête de Tabaski. Mais pourquoi n’avoir pas pris de dispositions au regard de cette information ? « En fait, ce que nous considérons comme la zone de crise s’arrête à Léré. Nous n’avons donc pas imaginé que les bandits allaient cibler Nampala. Il faut comprendre que le secteur de Tizawatten est totalement bouclé aujourd’hui par l’Armée. Les insurgés n ‘ont donc aucun moyen d ‘agir là-bas. Ils se sont donc transportés dans la Région de Tombouctou », précise le responsable militaire. Ils ont emporté avec eux une importante quantité de matériels de guerre et ont pris la direction de la Mauritanie voisine. Les services de sécurité signalent que toujours samedi, plusieurs militaires intégrés ont pris la direction de la Mauritanie.Aussitôt après l’attaque, des renforts ont été envoyés dans la zone pour poursuivre les assaillants et les déserteurs. Cette attaque des bandits armés s’est produite juste avant le départ du président de la République, Amadou Toumani Touré, pour à Kayes où il a présidé la cérémonie d’ouverture de la Biennale artistique et culturelle (voir article M. Keïta). Hier, il s’est rendu à Kéniéba où il a fait une importante déclaration par rapport aux évènements de Nampala. « Une bande isolée au sein de la Communauté touarègue et de Kidal a attaqué Namplala. L’attaque est inadmissible d’autant plus que militairement, elle n’avait aucun intérêt stratégique », a dénoncé le chef de l’Etat. Sauf que Nampala peut servir de point de passage pour les trafiquants de drogue.Amadou Toumani Touré a salué la mémoire des soldats qui sont tombés les armes à la main, dont trois ou quatre de la communauté touarègue. « C’est pour dire qu’il ne s’agit pas d’une question d’ethnie. Il y a des soldats touarègues dans l’Armée. Le groupe qui a perpétré ce forfait n’a même pas de revendications. Comme il l’avait fait à Diéma en mai 2006 lors de la première attaque, il a invité nos compatriotes à ne pas faire l’amalgame entre les insurgés et la communauté touarègue. Le même appel a été lancé aux forces armées et de sécurité. Il leur cependant demandé de rester très vigilantes. « L’attaque de Nampala a été orchestrée par un groupe marginal. Elle vise simplement à entretenir la psychose de la peur », a dénoncé le président Touré.Le président de la République a demandé à la communauté touarègue de ne pas rester des spectateurs de ce qui se passe. « Il ne faut pas laisser une bande de marginaux détruire votre réputation », a-t-il dit, en lançant un appel aux chefs de fraction et aux facilitateurs qui se sont toujours impliqués dans la recherche de solutions pour répondre aux agissements de cette bande isolée.Cependant le chef de l’Etat a été ferme : « Nous ne pouvons plus continuer à compter nos morts et nos blessés. Nous ne pouvons plus continuer à subir. Nous devons faire quelque chose », a-t-il dit.La colère du chef de l’Etat est d’autant plus justifiée que sur les 18 points de revendications de l’Alliance du Nord, 15 ont été satisfaits. Les trois restants ne pourront pas l’être dans des conditions d’insécurité. Amadou Toumani Touré a appelé tous nos compatriotes à l’unité nationale. Et cela n’est pas un vain mot.
S. TOGOLA, M. KEÏTA avec C. O. DIALLO à Niono.

Source:l'Essor n°16348 du - 2008-12-22.

samedi 20 décembre 2008

Biennale 2008 : LES MALIENS DE FRANCE...


La manifestation mettra aux prises les troupes des 8 régions administratives et du District dans 8 disciplines : ballet à thème, solo de chant, danse traditionnelle, chœur, ensemble instrumental, pièce de théâtre, orchestre et exposition d'objets d'art. Rien d’inaccoutumée dans ce programme sauf que, pour la première fois, le Conseil de base des Maliens de France participera (hors compétition) à l'événement grâce à une troupe folklorique forte de 45 membres. Elle est composée d'un ensemble instrumental, un groupe de ballet et un groupe Nyogolon.Pour expliquer les tenants et aboutissants de cette participation inédite, le comité d'organisation de la troupe du Conseil de base des Maliens de France a organisé mercredi, une conférence de presse à la Cité des Enfants.La troupe entend contribuer au développement socioculturel du Mali, a ainsi expliqué Mahamadou Cissé, le vice-président du conseil et président du comité d'organisation. Les artistes qui seront sur scène à Kayes sont des bénévoles qui ont librement choisi de participer à la biennale, une manière pour eux de conserver les liens culturels qui les unissent à leur pays d'origine, a-t-il précisé.Le coût de la participation a été pris en charge par le conseil et ses partenaires, a indiqué Mahamadou Cissé en signalant que le séjour kayésien est supporté par le ministère de la Culture. En plus de sa participation à la cérémonie d'ouverture, la troupe donnera des représentations sur les deux sites prévus pour les prestations en off, c’est-à-dire la place publique de Kayes-N'Di et l’esplanade en façade du stade Abdoulaye Macoro Sissoko. Chants, danses traditionnelles, pièces de théâtre et slam sont au programme de la troupe.Le Conseil de base des Maliens de France, a rappelé Mahamadou Cissé, est une émanation du Haut conseil des Maliens de l'extérieur. Il a à son actif diverses activités culturelles dont l'organisation de l'élection de Miss Ortm au niveau de la diaspora ou encore l'organisation d'une soirée spéciale Tabaski. La conférence de presse n’aurait pas été complète sans un échantillon du savoir-faire de nos compatriotes de France. Cet avant-goût, fort applaudi, annonce une prestation de toute beauté.

Aïssata TRAORÉ

Source:l'Essor n°16347 du - 2008-12-19

Essakane:edition 2009


La 9è édition au Festival au désert a été officiellement lancée le 13 décembre dernier.La cérémonie s’est déroulée au Centre culturel français de Bamako en présence de trois ministres : N’Diaye Ba (Tourisme et Artisanat), Abou-Bakar Traoré (Finances), Sékou Diakité (Développement social, Solidarité et Personnes âgées).Le Festival au désert qui se déroule chaque année à Essakane, une localité située à 70 km au nord de la mythique ville de Tombouctou est, selon nombre de spécialistes, l’un des plus grands en Afrique en la matière. Ses deux dernières éditions ont attiré pas moins de 25 000 festivaliers venus du monde entier. Des sommités mondiales de la musique se sont ainsi produites sur les dunes à la lisière du Sahara.Mais plus qu’un événement festif, le festival d’Essakane est une occasion de rencontres, d’échanges et de découverte. Le festival est la version modernisée d’une manifestation traditionnelle qui a traversé les âges. En effet, les tribus touarègues dont les promoteurs du festival actuel sont des descendants, ont coutume d’organiser à la fin de chaque période de transhumance des rencontres dites « temakannit » ou « takubelt » dans la langue tamasheq. Au cours de ces rencontres ponctuées de chants, de danses, de compétitions dans le maniement du sabre, on célèbre le meilleur troupeau. Comme le font les Peuls du Delta du Niger. Tous les litiges et différends sont réglés sous les tentes autour d’une partie de thé, en partageant un méchoui.Certes, avec les sécheresses de ces dernières décennies, les troupeaux se sont réduits comme peau de chagrin. Mais la communauté touarègue a maintenu cette bonne tradition, tout en essayant de s’adapter à la nouvelle donne mondiale. C’est dans cet esprit qu’à chacune des éditions du Festival, Manny Ansar, le promoteur de la manifestation et ses amis font cohabiter en l’espace de trois jours, des stars de la culture universelle et des artistes nationaux et locaux.La soirée de lancement a été marquée par les prestations du groupe Tartit, premier ensemble musical de femmes touarègues, de Habib Koité qui n’est plus à présenter au public malien et aux amateurs de la World music et celle d’un jeune groupe de Kidal.La projection d’un documentaire sur le chemin parcouru et les ambitions du Festival du désert a été très édifiante pour le public select convié au Centre culturel français.
G. A. DICKO
Source:L'essor du 18-12-2008

jeudi 18 décembre 2008

Coopération Mali-République d’Afrique du Sud : Retour des 40 manuscrits de Tombouctou







Après un séjour d’exposition de 40 manuscrits de Tombouctou en Terre Sud africaine qui a porté la richesse du patrimoine culturel malien aux confins du Sud du continent pendant 66 jours, les manuscrits ont été retournés au bercail par les autorités sud africaines. C’était le 5 décembre dernier dans la salle Bakary Traoré du ministère des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique sous la présidence du Pr. Amadou Touré.

La remise des manuscrits a enregistré la présence de Son Excellence Rantoberg Matou, Ambassadeur de la République d’Afrique du Sud au Mali. On pouvait aussi noter la présence du représentant du ministre de la Culture, des conservateurs du Mali et d’autres invités de marque. Une modeste cérémonie, mais pleine de signification, elle marque la fin d’une action de très grande portée s’inscrivant dans le cadre de la coopération entre les deux pays.

LE PLUS GRAND CARREFOUR INTELLECTUEL ET COMMERCIAL D’AFRIQUE
Rappelons que les manuscrits de Tombouctou sont un témoignage vivant du haut degré d’avancement et de raffinement des civilisations de l’Afrique subsaharienne avant l’avènement de la renaissance européenne.

La ville de Tombouctou s’était développée devenait le plus grand carrefour intellectuel et commercial d’Afrique. De grands empires tels le Ghana, le Mali et le Songhoï témoignent du talent de la créativité et de l’ingéniosité des Africains.

UN PROJET DE MANUSCRITS ENTRE LES DEUX PAYS
Dans ses mots d’intervention, l’Ambassadeur de la République d’Afrique du Sud au Mali a rappelé que le projet de manuscrits des deux pays fut officiellement lancé le 25 mai 2003 par le président Amadou Toumani Touré et l’ancien président d’Afrique du Sud M. Thabo MBeki. Il visait la préservation de ces manuscrits par la formation à la conservation, la réalisation d’un nouveau bâtiment pour abriter les manuscrits et l’interprétation du contenu.

L’exposition intitulée connaissance et manuscrits de Tombouctou constitue une partie des objectifs du projet de manuscrits Mali/Afrique du Sud d’attirer l’attention sur l’existence de ces anciens manuscrits. Selon lui, ce projet a été adopté par le NEPAD lors de son premier projet culturel et les manuscrits ont été admis sur la liste de mémoire de l’UNESCO lors de sa conférence tenue à Pretoria en 2007.
Selon l’orateur, l’exposition a été officiellement lancée le 7 août 2008 à Cap Town au Château de Bonne Espérance, l’un des sites les plus importants du patrimoine d’Afrique du Sud. Les manuscrits ont été exposés dans cinq autres centres à travers l’Afrique du Sud notamment Bloemfontein, Pretoria, Johannesburg, Grahamstown et Durban.

LA RECONNAISSANCE DE L’AMBASADEUR D’AFRIQUE DU SUD
Au nom de son pays, l’Ambassadeur a adressé ses reconnaissances aux autorités et au peuple malien de leur capacité de préserver ces manuscrits pour les générations futures. “L’Afrique du Sud est fière de contribuer à travers la préservation de ces anciens manuscrits pour permettre aux intellectuels du monde entier de découvrir la connaissance et le sens de ces manuscrits pour écrire une vraie histoire africaine. L’Afrique du Sud a formé des artisans maliens à la conservation afin d’assurer une préservation durable de ces anciens manuscrits”, a-t-il précisé.




Pr. AMADOU TOURE
Quant au Pr. Amadou Touré, ministre des Enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique, ayant représenté le gouvernement malien avec une forte délégation lors de l’exposition en République Sud africaine, il a rappelé l’accord de coopération culturelle et scientifique entre les deux pays depuis août 2002 basé sur la formation des conservateurs de l’Institut Ahmed Baba, le renforcement des infrastructures et de la logistique de collecte et sauvegarde des manuscrits et aussi l’appui à la recherche scientifique. Il a rappelé que ces manuscrits couvrent principalement les domaines du droit islamique, de la théologie, de la tradition prophétique, de la grammaire arabe, de l’astronomie, de la médecine et des actes commerciaux. Il n’a pas manqué de rappeler la mobilisation des visiteurs, hommes et femmes de culture, de sciences et autres intellectuels qui faisaient la ronde autour des manuscrits en Afrique du Sud.
Selon lui, pendant les 66 jours d’exposition, plus de 16 000 visiteurs ont été autour des manuscrits. Ce qui dénote de l’importance accordée aux écrits et éruditions de Tombouctou.
Selon le ministre Touré, la construction d’une nouvelle infrastructure à Tombouctou pour reloger l’institut Ahmed Baba dans des conditions offrant plus de sécurité, de confort et de moyens techniques appropriés aux activités de l’institut est en cours de finition et l’inauguration se fera dans quelques semaines.
Ce projet de construction démarré depuis plus de deux ans est financé et exécuté sur fonds propre par les autorités Sud africaines. Au terme, il s’est dit convaincu que ce projet de coopération contribuera à renforcer l’amitié et la coopération entre les deux pays.
Ousmane BERTHE (Stagiaire)
Source: NOUVEL HORIZON DU 16 DEC. 08

Littérature : La légende de Bakari Dian et Bilissi inspire un roman



Aboubacar Eros Sissoko, écrivain malien, installé en France, s’apprête à mettre sur le marché du livre deux nouvelles œuvres : « Bakari Dian, le fils rebelle de Ségou » et « une enfance avec Biram au Mali ». Avec ces deux livres, Aboubacar Eros Sissoko aura désormais 6 œuvres dans les librairies.Des auteurs ma-liens, Aboubacar Eros Sissoko est sûrement celui qui publie le plus ces dernières années. De 2005, date de sortie de son premier roman « Sadio et Maliba l’hippopotame » à 2008, ce jeune auteur malien aura publié 6 œuvres. D’ici la fin de l’année 2008, il mettra en vente dans les librairies ces deux dernières œuvres : « Bakari Dian, le fils rebelle de Ségou » et « Une enfance avec Biram au Mali ». A paraître chez les éditions « Anibwé » à Paris, « Bakari Dian, le fils rebelle de Ségou » est un roman dans lequel Aboubacar Eros Sissoko replongera les lecteurs dans la légende de Bakari Dian et Bilissi. Dans son résumé du livre, Eros dira que Bilissi a longtemps défrayé la chronique dans la région de Ségou. Selon lui, personne ne connaissait ses véritables origines. « Ce monstre mi-homme, mi-bête exigeait des villageois un tribut toujours plus important. Partout où il passait, il semait terreur et désolation », a-t-il indiqué. Avant de rappeler que les excès de Bilissi vont pousser Bakari Dian à sortir de sa réserve. Mais, l’auteur pour faire durer le suspens ne dira pas si Bakari Dian vaincra Bilissi. Il laisse au lecteur de découvrir la réponse dans le livre. Mais, l’auteur dira que ce récit nous plonge au cœur d’une Afrique en pleine mutation, en flagrante contradiction avec ses valeurs les plus nobles. Le livre a tout l’air d’être un prétexte pour l’auteur d’aborder la question essentielle du pouvoir et de sa gestion. Et il ne s’en cache pas. « Cette légende peut être vue comme une métaphore de la situation actuelle de l’Afrique, ce vaste continent qui se retrouve face à son destin et qui doit accepter les règles du jeu. Elle place l’homme au cœur des évènements », a-t-il déclaré. Son deuxième livre à paraître d’ici la fin de l’année 2008, intitulé « Une enfance avec Biram au Mali », est un roman autobiographique à l’allure d’un hommage qu’il rend à son père qui nous a quitté il y a bientôt une année. Ce roman va paraître chez Harmattan, dans la collection écrire l’Afrique. Mme Macalou Fanta Ouane, après lecture du manuscrit ne s’est pas empêchée de dire que le roman « Une enfance avec Biram au Mali » est un témoignage accablant, mais objectif d’un régime sanguinaire. Elle a aussi estimé que « c’est un récit poignant d’une enfance tumultueuse et au-delà d’une société, voire d’une culture à travers laquelle se reconnaîtraient bon nombre d’africains, et tout cela par la grâce d’une plume vivante, saisissante, enrichissante et surtout agréablement réaliste ». Dans ce roman, l’auteur fait appel à ses souvenirs d’enfance. Il se souvient que son père feu Biram Sissoko fut d’abord instituteur, avant de devenir cadre au ministère de la jeunesse et des sports aux premières années de l’indépendance du Mali. Et le 19 novembre 1968, un coup d’Etat militaire renversa le pouvoir et mit fin à sa nouvelle carrière. Arrêté, emprisonné et déporté à Intadenit, dans le grand nord désertique, il sera séparé et privé pendant 7 ans, de sa progéniture. Si Aboubacar Eros Sissoko n’a jamais oublier ces longues années de séparation avec son père, il se souvient comme hier de la rude et sévère éducation que son père leur a inculqué. Et un an après la disparation de Biram Sissoko, l’un des pères fondateurs du mouvement pionnier du Mali, l’auteur bouleversé nous ouvre les portes de son enfance. Dans « Une enfance avec Biram au Mali », il nous raconte son parcours avec cet éducateur, à qui il rend un vibrant hommage d’amour et auquel peu à peu il s’identifie. Mais, au-delà de la relation entre l’auteur et son père qui constitue la trame du livre, l’auteur a eu la présence d’idée de faire revivre aux lecteurs un pan de l’histoire du Mali, en rappelant aux maliens ce que fut la vie des familles des prisonniers du régime dictatorial de Moussa Traoré. Qui mieux que Mme Macalou Fanta Ouane aura les mots justes pour parler de l’œuvre d’Aboubacar Eros Sis-soko. « La force de cette narration provient du fait que les extrêmes les plus distants s’y côtoient et cohabitent même : drame et comédie ; fous rires et sanglots effrénés ; réalisme et insouciance, douleur et douceur ; dignité bafouée et dignité retrouvée, et enfin, vie et mort », a-t-elle déclaré. Né au Mali, Aboubacar Eros Sissoko est diplômé de l’INA (Institut National des Arts du Mali) et de l’école Supérieure des Beaux-arts de Toulouse. Après une formation DEFA aux CEMEA, il est aujourd’hui éducateur spécialisé auprès d’enfants et d’adolescents en région parisienne. Aboubacar Eros Sissoko dont le franc-parler ne laisse pas indifférent, vit en France depuis quinze ans. Il est auteur de « Sadio et Maliba l’hippopotame », sorti en 2005 aux éditions L’Harmattan. En 2006, aux éditions Monde Global, il publie « La mort de Maliba l’hippopotame. Au temps des colonies ». Ce roman a été préfacé par Manuel Walls. En 2007, Abou-bacar Eros Sissoko publie deux romans : « Chakozy. Un drôle de chat », avec la préface de Sow Mamadou Gabriel et la Postface de Oumar Mariko et Sow Mamadou Gabriel et « Mariama Kaba du Mali. Un destin tragique », préfacé de Sidibé Kadidia Aoudou. Ces deux romans ont été publiés aux éditions L’Harmattan.
Assane Koné
Source: LE REPUBLICAIN,le 16-12-2008

samedi 13 décembre 2008

L'ecrivain de la semaine (3)



Aimé Césaire est né le 26 juin 1913 au sein d'une famille nombreuse de Basse Pointe, commune du Nord-Est de la Martinique, bordée par l'océan Atlantique dont la «lèche hystérique» viendra plus tard rythmer ses poèmes. Le père est un petit fonctionnaire, la mère est couturière.
Aimé Césaire, élève brillant du Lycée Schœlcher de Fort-de-France, poursuit ses études secondaires en tant que boursier du gouvernement français au Lycée Louis Le Grand, à Paris. C'est dans les couloirs de ce grand lycée parisien que, dès son arrivée, le jeune Césaire rencontre Léopold Sédar Senghor, son aîné de quelques années, qui le prend sous son aile protectrice.
Au contact des jeunes Africains étudiants à Paris, Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, qu'il connaît depuis le Lycée Schœlcher, découvrent progressivement une part refoulée de l'identité martiniquaise, la composante africaine dont ils prennent progressivement conscience au fur et à mesure qu'émerge une conscience forte de la situation coloniale. En septembre 1934, Césaire fonde, avec d'autres étudiants antillo-guyanais et africains (Léon Gontran Damas, les sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop), le journal L'Étudiant noir. C'est dans les pages de cette revue qu'apparaîtra pour la première fois le terme de «Négritude». Ce concept, forgé par Aimé Césaire en réaction à l'oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d'une part le projet français d'assimilation culturelle et d'autre part la dévalorisation de l'Afrique et de sa culture, des références que le jeune auteur et ses camarades mettent à l'honneur. Construit contre le projet colonial français, le projet de la négritude est plus culturel que politique. Il s'agit, au delà d'une vision partisane et raciale du monde, d'un humanisme actif et concret, à destination des tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu'on opprime ».
Admis à l'École Normale Supérieure en 1935, Césaire commence en 1936 la rédaction de son chef d'oeuvre, le Cahier d'un Retour au Pays Natal. Marié en 1937 à une étudiante martiniquaise, Suzanne Roussi, Aimé Césaire, Agrégé de Lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, au Lycée Schœlcher.

En réaction contre le statu quo culturel martiniquais, le couple Césaire, épaulé par René Ménil et Aristide Maugée, fonde en 1941 la revue Tropiques, dont le projet est la réappropriation par les Martiniquais de leur patrimoine culturel. La seconde guerre mondiale se traduit pour la Martinique par un blocus qui coupe l'approvisionnement de l'île par la France. En plus d'un situation économique très difficile, l'envoyé du gouvernement de Vichy, l'Amiral Robert, instaure un régime répressif, dont la censure vise directement la revue Tropiques. Celle-ci paraîtra, avec difficulté, jusqu'en 1943.
La guerre marque aussi le passage en Martinique d'André Breton. Le maître du surréalisme découvre avec stupéfaction la poésie de Césaire et le rencontre en 1941. En 1944, Breton rédigera la préface du recueil Les Armes Miraculeuses, qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme.
Invité à Port-au-Prince par le docteur Mabille, attaché culturel de l'ambassade de France, Aimé Césaire passera six mois en Haïti, donnant une série de conférences dont le retentissement sur les milieux intellectuels haïtiens est formidable. Ce séjour haïtien aura une forte empreinte sur l'œuvre d'Aimé Césaire, qui écrira un essai historique sur Toussaint Louverture et consacrera une pièce de théâtre au roi Henri Christophe, héros de l'indépendance.
Alors que son engagement littéraire et culturel constituent le centre de sa vie, Aimé Césaire est happé par la politique dès son retour en Martinique. Pressé par les élites communistes, à la recherche d'une figure incarnant le renouveau politique après les années sombres de l'Amiral Robert, Césaire est élu maire de Fort-de-France, la capitale de la Martinique, en 1945, à 32 ans. L'année suivant, il est élu député de la Martinique à l'Assemblée Nationale.
Le député Césaire sera, en 1946, le rapporteur de la loi faisant des colonies de Guadeloupe, Guyane Française, Martinique et la Réunion, des Départements Français. Ce changement de statut correspond à une demande forte du corps social, souhaitant accéder aux moyens d'une promotion sociale et économique. Conscient du rôle de la départementalisation comme réparation des dégâts de la colonisation, Aimé Césaire est tout aussi conscient du danger d'aliénation culturelle qui menace les martiniquais. La préservation et le développement de la culture martiniquaise seront dès lors ses priorités.
Partageant sa vie entre Fort-de-France et Paris, Césaire fonde, dans la capitale française, la revue Présence Africaine, aux côtés du sénégalais Alioune Diop, et des guadeloupéens Paul Niger et Guy Tirolien. Cette revue deviendra ensuite une maison d'édition qui publiera plus tard, entre autres, les travaux de l'égyptologue Cheikh Anta Diop, et les romans et nouvelles de Joseph Zobel.
En 1950, c'est dans la revue Présence Africaine que sera publié pour la première fois le Discours sur le colonialisme, charge virulente et analyse implacable de l'idéologie colonialiste européenne, que Césaire compare avec audace au nazisme auquel l'Europe vient d'échapper. Les grands penseurs et hommes politiques français sont convoqués dans ce texte par l'auteur qui met à nue les origines du racisme et du colonialisme européen.
Peu enclin au compromis, Aimé Césaire, révolté par la position du Parti Communiste Français face à l'invasion soviétique de la Hongrie en 1956, publie une «Lettre à Maurice Thorez» pour expliquer les raisons de son départ du Parti. En mars 1958, il crée le Parti Progressiste Martiniquais (PPM), qui a pour ambition d’instaurer «un type de communisme martiniquais plus résolu et plus responsable dans la pensée et dans l'action». Le mot d'ordre d'autonomie de la Martinique est situé au cœur du discours du PPM.
Parallèlement à une activité politique continue (il conservera son mandat de député pendant 48 ans, et sera maire de Fort-de-France pendant 56 ans), Aimé Césaire continue son œuvre littéraire et publie plusieurs recueils de poésie, toujours marqués au coin du surréalisme (Soleil Cou Coupé en 1948, Corps perdu en 1950, Ferrements en 1960). À partir de 1956, il s'oriente vers le théâtre. Avec Et les Chiens se taisaient, texte fort, réputé impossible à mettre en scène, il explore les drames de la lutte de décolonisation autour du personnage du Rebelle, esclave qui tue son maître puis tombe victime de la trahison. La Tragédie du Roi Christophe (1963), qui connaît un grand succès dans les capitales européennes, est l'occasion pour lui de revenir à l'expérience haïtienne, en mettant en scène les contradiction et les impasses auxquels sont confrontés les pays décolonisés et leurs dirigeants. Une saison au Congo (1966) met en scène la tragédie de Patrice Lumumba, père de l'indépendance du Congo Belge. Une tempête (1969), inspiré de Shakespeare, explore les catégories de l'identité raciale et les schémas de l'aliénation coloniale. Pensant à l'origine situer l'action de cette adaptation de Shakespeare aux États-Unis, il choisit finalement les Antilles, gardant tout de même le projet de refléter l'expérience noire aux Amériques.
Au total Césaire à publié plus de quatorze œuvres, recueils des poésies, pièces de théâtre et essais. De nombreux colloques et conférences internationales ont été organisés sur son œuvre littéraire qui est universellement connue. Son œuvre a été traduite dans de nombreuses langues: anglais, espagnole, allemand et cetera.

Aimé Césaire s'éteint à Fort-de-France le 17 avril 2008 à 94 ans. De nombreux hommages du monde entier saluent le poète, l'homme d'action et le chantre de la négritude pour qui des funérailles nationales sont organisées en Martinique le 20 avril 2008.

Oeuvres principales:

Cahier d'un retour au pays natal. Paris: Présence Africaine, 1939, 1960.
Soleil Cou Coupé. Paris: Éd. K, 1948.
Corps perdu. (gravures de Pablo Picasso) Paris: Éditions Fragrance, 1950.
Ferrements. Paris: Seuil, 1960, 1991.
Cadastre. Paris: Seuil, 1961.
Les Armes miraculeuses. Paris: Gallimard, 1970.
Moi Laminaire. Paris: Seuil, 1982.
La Poésie. Paris: Seuil, 1994.

vendredi 5 décembre 2008

Festival théâtre des réalités 2008


A deux jours de la fin de la 9ème édition du festival théâtre des réalités, sans risque de se tromper, l’on peut constater qu’elle est en passe de tenir toutes ses promesses. Le bilan. Démarré le 1er décembre au palais de la culture de Bamako, sur les berges du fleuve Niger, par « la geste des étalons », la 9ème édition du festival théâtre des réalités prendra fin le dimanche 7 décembre 2008, aux Quartiers d’Orange, par un ballet folklorique intitulé « Divinités noires et migrations ». Mais, en attendant cette soirée que les organisateurs souhaitent riche en couleurs et en sons, l’on peut se permettre de faire un bilan de l’édition 2008 du festival théâtre des réalités. Pour sa 9ème édition, le festival théâtre des réalités initié en 1996 par l’association malienne acte sept, a enregistré la participation de 16 troupes de théâtre et d’une compagnie de danse. Et comme chaque troupe est arrivée au festival avec une pièce, la 9ème édition a enregistré 16 pièces de théâtre, parmi lesquelles, 3 nouvelles créations, 3 reprises et 7 jouées pour la première fois au Mali. Ce sont au total 75 spectacles qui ont été donnés dans trois pays de l’Afrique de l’ouest (Mali, Burkina Faso et Sénégal), en l’espace de 7 jours. Au Mali, 8 villes qui ont chacune enregistré au moins 4 spectacles : Bamako, Koutiala, Ségou, Sikasso, kita, Siby, Bougouni et Kayes. Et comme en plus de la décentralisation du festival à l’intérieur du Mali, les organisateurs sont dans la logique de la création d’un marché pour le théâtre ouest africain, une ouverture a été faite sur deux pays limitrophes pour recevoir des spectacles: Le Burkina Faso et le Sénégal. Au Sénégal, les villes de Dakar, Kaolack, Tambacounda et Thiès, ont chacune reçu 4 spectacles. Au Burkina Faso, au moment où Bobo-Dioulasso recevait 6 représentations théâtrales, la ville de Ouagadougou, nouvellement intégrée dans la programmation, se contentait d’une seule. Aussi, l’origine des troupes théâtrales finit par convaincre les plus sceptiques de la dimension internationale du festival théâtre des réalités. Pour sa 9ème édition, la biennale du théâtre au Mali, a enregistré la participation d’une troupe en provenance de la Côte d’Ivoire. La « Compagnie Tropic Expression » de la Côte d’Ivoire est arrivée cette année avec la pièce « Allo l’Afrique », une adaptation d’un texte du togolais Rodrigue Norman. La France est présente avec deux pièces : « Maître Harold » de la compagnie deux temps trois mouvements et « El, La pompe d’Afrique », écrit et mis en scène par Nicolas Lambert. Le Mali qui abrite les manifestions, a trois pièces : La « Mémoire d’une tribu perdue », de la Troupe Sô, « Bandiougou le dernier », de la compagnie fils d’Adam et « Caterpillar » de Hawa Diallo, une coproduction de studio volant, Angers et studio Blonba au Mali. Le Burkina Faso a proposé trois pièces : « La geste des étalon » de Luis Marquès et Amadou Bourou, une coproduction de l’Association œil du Cyclone et de l’écurie du cheval mandingue, « l’os de Mor Lam » de Birago Diop, mise en scène par Issaka Sawadogo et « Ganeya » de Souleymane Koumaré, joué par l’ensemble théâtral Badenya. Comme pour traduire la cohésion et la solidarité entre les acteurs du secteur du théâtre dans le monde, le festival théâtre des réalités a reçu plusieurs coproductions. Ce sont : « Bloody Niggers » de Dorcy Rugamba, une coproduction du festival de Liège, du théâtre national de la communauté française et du groupov de la Belgique, « L’Echo du pas de l’homme » de Diarétou Keita, coproduit par « Les voix de caméléon » en France et « Acte Sept » au Mali, « Le pays où on fabrique l’argent », un projet théâtral sur la migration entre le Mali et la Suisse et « Nous sommes de ceux qui disent non à l’ombre », coproduit par la compagnie Anopée théâtre et la compagnie Kamaso. En attendant la clôture de la manifestation, telle peut être la moisson de l’édition 2008 du festival théâtre des réalités.

Assane Koné.
Source: LE REPUBLICAIN :05-12-2008

mercredi 3 décembre 2008

Festival du théâtre des réalités : La 9ème édition démarre


La 9ème édition du festival théâtre des réalités a démarré le 1er décembre 2008, au palais de la culture, sur la berge du fleuve Niger. Pour cette soirée inaugurale de la biennale du théâtre au Mali, les organisateurs n’ont pas fait dans la dentelle, en programmant « la geste des étalons ». « La geste des étalons » est un théâtre particulier. Si nous sommes habitués à voir des scènes sur des planchers, dans des salles dédiées à la cause, « la geste des étalons » a besoin d’espace pour que ses acteurs déploient tout leur talent. Les Bamakois qui ont fait le déplacement pour la soirée inaugurale du festival théâtre des réalités, ont été émerveillés par la splendeur du spectacle. La régie son et lumière étaient impeccables. La prestation des acteurs, dans une maîtrise parfaite des chevaux, était à la limite de l’irréel. Dans une interaction avec le public, le comédien burkinabé Sidiki Yougbaré, dans son rôle de narrateur, a tenu le public en haleine. « La geste des étalons » est une mise ne scène qui fait appel à une douzaine de chevaux et à un âne. Pour mieux traduire la trame de l’histoire, des cavaliers à la limite des acrobates, allient maîtrise et talent pour subjuguer le public. Sidiki Yougbaré, dans une narration qui fait appel à la technique des contes africains, capte l’attention des spectateurs. La trame de l’histoire est toute simple. Il y a de cela des lustres, deux peuples vivaient aux portes du Sahel. Au Nord, dans le désert, vivait un roi nomade et guerrier. Au Sud, là où la terre est rouge et fertile, vivait un grand empereur. Les deux peuples vivaient sous la menace des « hommes-esprits » qui étaient des sorciers qui hantaient la région. Et, un jour, poussé par la famine et les tempêtes de sable, le roi nomade pénétra sans le savoir sur les terres de l’empereur. Et depuis ce jour, la paix a fuit la région. Les deux peuples ne rataient aucune occasion pour se faire la guerre, jusqu’au jour où Dima, le fils du Roi nomade et Sylla, la fille unique de l’empereur, tombèrent amoureux. Perdue dans le désert suite à une folle chevauchée sur un étalon devenu fou, la fille de l’empereur sera secourue par Sahel la fille du roi nomade. Une amitié exceptionnelle naîtra entre les deux jeunes gens, contre la volonté de leurs parents. Cette amitié sera matérialisée par le sacrifice suprême qui va convaincre l’empereur et le roi à sceller une paix définitive. Les hommes-esprits assoiffés de sang, vont exiger de l’empereur de leur offrir une fille vierge de sang royal. Soucieux de la sécurité de son peuple, l’empereur ne va pas hésiter à offrir sa fille unique. Mais, l’amitié qui unissait Sahel à Sylla, va conduire cette dernière à accepter de mourir à sa place. Sahel viendra remplacer Sylla sur l’autel sacrificiel. Etant aussi de sang royal, « les hommes-esprits » n’y verront aucun inconvénient et accepteront l’offrande. Et surpris de voir sa fille encore en vie, l’empereur comprendra que son amie, la fille du roi nomade s’est fait sacrifier à sa place. Et depuis, il prit la décision de pacifier ses relations avec le roi nomade. Une grande cérémonie va sceller la paix retrouvée entre les deux peuples. Au cours de cette cérémonie, Dima, fils du roi nomade va épouser Sahel la fille de l’empereur. Et pour montrer leur volonté à ne plus se faire la guerre, les deux souverains vont échanger les symboles de leur pouvoir et décider de dénommer l’espace sur lequel ils vivent : Sahel. C’est par cette pièce qui prône les vertus de la paix que le théâtre des réalités édition 2008, a annoncé les couleurs.

Assane Koné.
Source: LE REPUBLICAIN:03-12-2008

mardi 2 décembre 2008

L'ecrivain de la semaine (2)



Cheikh Anta Diop (né le 29 décembre 1923 à Thieytou - mort le 7 février 1986 à Dakar) est un historien et anthropologue sénégalais. Il a mis l'accent sur l'apport de l'Afrique et en particulier de l'Afrique noire à la culture et à la civilisation mondiales. Ses thèses restent aujourd'hui contestées, et peu reprises dans la communauté scientifique occidentale.

Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 à Thieytou, dans la région de Diourbel (Sénégal). Sa famille est d'origine artistocratique wolof. À l'âge de 23 ans, il part pour Paris pour étudier la physique et la chimie mais se tourne aussi vers l'histoire et les sciences sociales. Il suit en particulier les cours de Gaston Bachelard et de Frédéric Joliot-Curie. Il adopte un point de vue spécifiquement africain face à la vision de certains auteurs de l'époque, selon laquelle les Africains sont des peuples sans passé.
En
1951, Diop prépare sous la direction de Marcel Griaule une thèse de doctorat à l'Université de Paris, dans laquelle il affirme que l'Égypte antique était peuplée d'Africains noirs et que la langue et la culture égyptiennes se sont ensuite diffusées dans l'Afrique de l'Ouest. Il ne parvient pas dans un premier temps à réunir un jury, mais d'après Doué Gnonsoa, sa thèse rencontre un « grand écho » sous la forme d'un livre, Nations nègres et culture, publié en 1954[4]. Il obtiendra finalement son doctorat en 1960. Il poursuit dans le même temps une spécialisation en physique nucléaire au laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France. Diop met à profit sa formation pluridisciplinaire pour combiner plusieurs méthodes d'approche.
Il s'appuie sur des citations d'auteurs anciens comme
Hérodoteet Strabon pour illustrer sa théorie selon laquelle les Égyptiens anciens présentaient les mêmes traits physiques que les Africains noirs d'aujourd'hui (couleur de la peau, aspect des cheveux, du nez et des lèvres). Son interprétation de données d'ordre anthropologique (comme le rôle du matriarcat) et archéologique l'amènent à conclure que la culture égyptienne est une culture « nègre ». Sur le plan linguistique, il considère en particulier que le wolof, parlé aujourd'hui en Afrique occidentale, est génétiquement apparenté à la langue égyptienne antique.
Diop est un des historiens controversés de son époque
[réf. nécessaire]. Lorsqu'il obtient son doctorat en 1960, c'est avec la mention honorable, ce qui en pratique, l'empêche d'enseigner en France. Il revient au Sénégal enseigner comme Maître de Conférences à l'Université de Dakar, désormais renommée Université Cheikh Anta Diop (UCAD). C'est seulement en 1981 qu'il y obtiendra le titre de professeur. Mais dès 1966, il crée au sein de cette Université de Dakar le premier laboratoire africain de datation des fossiles archéologiques au radiocarbone. ; en collaboration avec celui du Commissariat français à l'énergie atomique (CEA) de Gif-sur-Yvette. Il y effectue également des tests de mélanine sur des échantillons de peau de momies égyptiennes, dont l'interprétation permettrait, selon Diop, de confirmer les récits des auteurs grecs anciens sur la mélanodermie des anciens Égyptiens.
Dans les années 1970, Diop participe au comité scientifique qui dirige, dans le cadre de l'
UNESCO, la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique. Dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage, il participe en 1974 au Colloque international du Caire où il confronte les méthodes et résultats de ses recherches avec ceux des principaux spécialistes mondiaux. A la suite de ce colloque international, il lui est confié la rédaction du chapitre consacré à l'Origine des anciens Égyptiens. Le rapport final du colloque mentionne l'accord des spécialistes —à l'exception d'un— sur les éléments apportés par Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga au sujet de la filiation entre la culture égyptienne ancienne et les cultures africaines. Ainsi, pour le professeur Jean Vercoutter : « l'Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser ». Le professeur Leclant a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des Égyptiens. La communauté scientifique reste néanmoins partagée sur la nature du peuplement de l'Égypte ancienne : principalement composé de Noirs jusqu'à la perte de l'indépendance pour certains, mixte selon d'autres experts.
Par ailleurs, dès 1947, Diop s'engage politiquement en faveur de l'indépendance des pays africains et de la constitution d'un État fédéral en Afrique.
« Jusqu'en 1960, il lutte pour l'indépendance de l'Afrique et du Sénégal et contribue à la politisation de nombreux intellectuels africains en France. Entre 1950 et 1953, il est secrétaire général des étudiants du Rassemblement démocratique africain et dénonce très tôt, à travers un article paru dans La Voix de l'Afrique noire, l'Union française, qui, « quel que soit l'angle sous lequel on l'envisage, apparaît comme défavorable aux intérêts des Africains ». Poursuivant la lutte sur un plan plus culturel, il participe aux différents congrès des artistes et écrivains noirs et, en 1960, il publie ce qui va devenir sa plate-forme politique : Fondements économiques et culturels d'un futur Etat fédéral en Afrique noire. »
Selon Doué Gnonsoa, Diop sera l'un des principaux instigateurs de la démocratisation du débat politique au Sénégal, où il animera l'opposition institutionnelle au régime de Léopold Sédar Senghor, à travers la création de partis politiques (le FNS en 1961, le RND en 1976), d'un journal d'opposition (Siggi, renommé par la suite Taxaw) et d'un syndicat de paysans. Sa confrontation, au Sénégal, avec le chantre de la Négritude serait l'un des épisodes intellectuels et politiques les plus marquants de l'histoire contemporaine de l'Afrique Noire
.
Cheikh Anta Diop meurt dans son sommeil à
Dakar, le 7 février 1986. Avec Théophile Obenga et Asante Kete Molefe, il est considéré comme l'un des inspirateurs du courant épistémologique de l'afrocentricité[réf. nécessaire]. En 1966, lors du premier Festival mondial des arts nègres de Dakar, Diop a été distingué comme « l'auteur africain qui a exercé le plus d'influence sur le XXe siècle».
Le
8 février 2008 le ministre de la Culture Mame Birame Diouf inaugure un mausolée perpétuant la mémoire du chercheur à Thieytou, son village natal où il repose. Ce mausolée figure sur la Liste des sites et monuments classés du Sénégal.