mardi 30 décembre 2008

Biennale 2008 : KOULIKORO SURFE SUR L'AIR DU TEMPS


C’est la région de Koulikoro qui s’est soumise au verdict du jury samedi, au stade Abdoulaye Macoro Sissoko.
Puisant dans la grande histoire de la région, l'orchestre a rendu hommage à Dioba Diarra, le fondateur de Koulikoro. L’inspiration s’est ensuite fait sociale avec "Nikèkorôsigui" pour stigmatiser l'excision. Voix et instruments se sont harmonieusement accordés pour sensibiliser sur les dangers de cette pratique ancestrale : hémorragie, stérilité, divorce et mort. Autre coutume mais magnifiée celle-là : le mariage. L'ensemble instrumental de Koulikoro a présenté "Sarayamou", une chanson soninké sur la beauté du mariage.? Le chœur louera l’honneur avec "Dembé". L’honneur d’une jeunesse appeler à emprunter le chemin de la décentralisation qui mène au développement. Avec simplicité mais inspiration le chœur incite les jeunes à éviter l'exode, à étudier et à s'entraider. La chanson, fort morale, décrie le vol, le mensonge, l'injustice et le détournement des fonds publics et propose à la jeune génération des modèles comme Siramory Diabaté, Modibo Keïta, Myriam Makeba, et Kwamé N’krumah.La jeunesse figurait aussi au cœur de la pièce de théâtre présentée par la troupe de la région de Koulikoro. « Le temps » met en scène un couple qui arrive difficilement à subvenir aux besoins de ses enfants. L'homme est un cadre au chômage depuis plus de 4 ans. Sa femme, secrétaire dans une entreprise privée, démissionne car elle n'arrive plus à supporter le harcèlement sexuel exercé par son patron. Le couple tente, à partir de ses épreuves, de donner une leçon de vie à ses enfants. ?Mieux vaut garder sa dignité dans la pauvreté ... Un message est clair tout comme la critique sociale et la sensibilisation à mener en direction de la nouvelle génération. Avec des acteurs qui jouaient juste, des accessoires de scène et un décor originaux, la pièce de Koulikoro ?s’est inscrite dans l'air du temps.En terme de message et d’une voix superbe, la soliste de Koulikoro a fait tout aussi bien. Accompagnée de deux choristes, elle a chanté dans « Sababou », les maux qui ont frappé l'Afrique et qui ont trouvé des débuts de solution grâce à des pionniers qui ont œuvré pour la paix, la stabilité et le développement. Ces maux sont, entre autres, l'esclavage, la colonisation, les guerres fratricides, la famine, les épidémies, l'analphabétisme, les grèves à répétition, la dictature. « Sababou » n’a pas esquivé l’actualité du conflit du nord Mali, invitant à ce propos, la jeunesse malienne à la prudence et la patience.Toujours l’actualité mais sociale avec "Les aventures d'une servante" montrés par le ballet de Koulikoro. L’histoire est classique. Une jeune fille quitte son village pour la ?grande ville pour y gagner le prix son trousseau de mariage. Elle est embauchée dans une famille aisée. Le chef de famille profite de sa naïveté pour lui faire des avances et un enfant. Renvoyée avec une grossesse très avancée, la jeune fille traverse de dures épreuves. Sur cette intrigue très moderne, les danseurs renouent avec la gestuelle, les canevas traditionnels et beaucoup de percussions. La percussion reste, soutenant nombre d’instruments, dans une danse traditionnelle maure intitulée le « Dibabé ». Cette danse est exécutée lors des mariages, des fêtes et surtout des cérémonies d’initiation qui marquent le passage de l'enfant de l’adolescence à l'âge adulte. A cette occasion, l'enfant a le crâne rasé et reçoit le turban symbolique. Particularité du "Dibabe" : il se danse assis ou debout. Koulikoro a présenté la version assise.

Envoyés spéciauxMariam A. TRAORE et O. DIOP

Source:l'Essor n°16353 du - 2008-12-30

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