jeudi 27 novembre 2008

Djéli Bonbon, la malienne au balafon



De tous les artistes instrumentistes du Mali, Massaran Kouyaté dite Djéli Bonbon est une véritable attraction. Jusqu’à preuve du contraire, elle est la seule femme au Mali, et peut être dans la sous-région qui joue le balafon. De tout temps joué par les hommes dans plusieurs aires culturelles du Mali et de la sous-région, le balafon s’est laissé apprivoiser par Massaran Kouyaté dite Djéli Bonbon. Mais, cela n’est pas surprenant, Fanta Diabaté, le manager du groupe Kaïra, dont Djéli Bonbon est la pièce maîtresse, jure la main sur le cœur qu’elle est de la lignée de Balla Fassèkè Kouyaté, le détenteur du mythique Sosso Bala.Il est bien admis qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Et Massaran Kouyaté est une confirmation de ce dicton. Née en 1954 à Gnagassola, Massaran Kouyaté, communément appelé Djéli Bonbon, selon plusieurs témoignages, s’est mise au balafon dès sa tendre enfance. Sa détermination a fini par convaincre tout son entourage qui n’avait pas le choix que de la soutenir dans son ambition de jouer le balafon. Massaran Kouyaté, il faut le dire, est née dans une famille de griot et non des moindre : celle de Balla Fassèkè Kouyaté, le grand griot du roi Sosso, Soumahoro Kanté. Selon la légende, ce roi sorcier était détenteur d’un balafon qu’il gardait avec jalousie et qu’il ne jouait que sous la supervision d’un épervier qui serait, du reste, l’ange gardien de l’instrument. Le roi ayant un jour surpris son griot entrain de jouer l’instrument de façon merveilleuse, pris la décision de le lui offrir. Et depuis, de père en fils, les descendants de Balla Fassèkè Kouyaté, sont devenus les gardiens du Sosso Bala, qui serait à Gnagassola. Avec tout ce passé historique qui fait de sa famille la détentrice du Sosso bala, vous conviendrez avec nous que Djéli Bonbon soit devenue la digne héritière de son père. Son talent inné a mis du temps avant d’être reconnu sur la place malienne. Malgré qu’elle ait déjà beaucoup de métier dans ses bras de joueuse de balafon, il a fallu qu’elle attende l’année 2003 pour se faire connaître par le grand public. En 2003, au cours d’un concert au centre culturel français, animé par le groupe «Mali Mussow», dont elle était sociétaire, Djéli Bonbon sera l’attraction du public et depuis, elle a cessé de devenir une star méconnue. Une longue tournée mondiale l’amène à participer à plusieurs festivals avec le groupe «Mali Mussow», sous la houlette de Toumani Diakité, cet autre virtuose malien de la Kora. Face à la déliquescence du groupe «Mali Mussow», elle décide en 2006 de créer le groupe «Gnanimadjou-gou», ou la souffrance n’est pas une fatalité. Composé uniquement de femmes, ce groupe fait sa première sortie en septembre 2006 dans l’émission «An bé Kun» de l’ORTM. Mais, très vite, le groupe sera rebaptisé «Groupe Kaïra», ou le bonheur. Ce groupe a été présenté au public malien à la rentrée culturelle de janvier 2007 à Koulikoro. Ce jour-là, Djéli Bonbon, dans tout son art, a embarqué tous les éléments du groupe dans une ambiance qui n’a pas laissé le public indifférent.

Assane Koné
Source: LE REPUBLICAIN :27-11-2008

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