jeudi 7 février 2008

Festival sur le Niger (Le Challenger du 7 février 2008 )





















Ségou s’interroge sur le destin du continent - La 4è édition du festival sur le Niger a eu lieu, du 31 janvier au 3 février 2008 à Ségou.
A l’instar des précédentes, elle ambitionne ‘’de contribuer au développement d’un tourisme durable, en sauvegardant nos richesses culturelles et naturelles’’. Sa mission est connue, même si elle se renouvelle d’année en année à travers les thèmes. ‘’Ségou, ville d’architecture’’, tel est le sujet central de l’édition qui vient de se passer.
Le festival sur le Niger’’ aspire à faire de Ségou, ville historique, un centre de communication, d’échanges, de curiosités culturelles et artistiques, pour le bien-être social de la population. C’est comme si la ville prenait un nouvel essor culturel et économique !
Comme les éditions passées, la cité a adhéré à ‘l’événement’’. Le quai des arts, où se passent les diverses manifestations culturelles, les expositions d’Art,…les concerts….était constamment animé. La nouvelle est connue de tous. Dès l’auto gare où stationne Bittar-Trans, les vendeuses (de ‘’cho’’, de tô, du ‘’kini’’- riz) peuvent aisément en parler, localiser Motel Savane, quai des Arts…
C’est l’occasion pour le petit peuple de se ‘’désennuyer’’, d’assurer sa pitance d’exprimer sa joie de vivre. Tel cet adulte habillé en traditionnel, se régalant d’une assiettée de riz (offerte au restaurant au quai des arts), allant et venant, ces mots à la bouche : ‘’Notre souhait est que le festival dure une semaine’’
Le large public se régale des concerts, des contes et légendes……La présence de Salif Keita a donné un éclat particulier au festival scénique, en dépit des dissonances organisationnelles en son et lumière.
Un public restreint a communié avec l’esprit culturel du festival à travers le sujet du forum et de l’Arbre à Palabres : ‘’La Résistance à la culture’’. Autrement dit, il était question de spéculer sur ‘’le savoir local, moteur de développement’’.
Un déjeuner de presse, organisé le 1er et le 2 février, à bord du bateau Kankou Moussa, prolongement du forum, a bien situé l’enjeu culturel et économique de l’Afrique contemporaine. Avant les débats, des chercheurs talentueux ont pris la parole, Youssouf Tata Cissé, Ismaël Maïga, Cheick Oumar Sissoko, Mamadou Fanta Simaga.
‘’Savoir local moteur de développement’’ : il y a là un défi africain face au savoir technologique. Comme l’a dit un intervenant, en cette ère de mondialisation, il y a une guerre des valeurs. La logique veut qu’avant de vouloir s’intégrer, il faut préalablement chercher à se connaître.
Tout est culturel chez l’homme
‘’Le monde, a dit Youssouf Tata Cissé, est une école. Tout s’apprend » Et il n’ y a pas d’homme sans milieu social, sans éducation, sans culture. Le premier savoir en Afrique, en milieu bambara, consiste à développer l’homme. Intégralement. Si bien que tout ce qu’il produira sera au service de l’homme. La culture est le trait fondamental, le caractère spécifique, indiscutable de l’homme. Tout est culturel chez l’homme.
La culture est un ensemble diversifié et unifié lui permettant l’adaptation, l’appropriation et la consommation de ce que lui offre la nature de la société. Il y a donc une science, un savoir local africain car il n y a pas d’appartenance raciale dans ce domaine.
Le professeur Barthélemy Comoé Krou (un Ivoirien) a posé une question que devraient se poser tous les participants : « la culture africaine peut-elle intégrer la science moderne ? Poursuivant dans son ouvrage intitulé ‘’les morts qui ne veulent pas mourir ?», il dit encore ; ‘’la science, c’est-à-dire la connaissance, est par définition une technique, une pratique sociale et un comportement. C’est un instrument d’action. L’homme n’agit que dans les limites de ses connaissances». En ce temps de globalisation, l’intégration viendra, d’une manière ou d’une autre. L’essentiel est de sauver l’homme.
‘’Dans l’Afrique d’antan, le chef parlait peu et son autorité était reconnue de tous’’
‘’Il y’a toujours un lien entre savoir local et moyen technologique’’ a dit Ismaël Maïga, l’un des conférenciers. Pour un développement intégré, il faut le pragmatisme, une solution efficace à nos problèmes a fait remarquer Cheick Modibo Diarra qui, par ailleurs, s’est élevé contre le projet intellectuel africain relatif au discours de Sarkozy. Dans l’Afrique d’antan, le chef parlait peu et son autorité était reconnue de tous. Il nous faut donc agir.
La tendance générale est ceci : pas de développement sans volonté politique. Et on a même proposé une lettre ouverte aux autorités politiques sur le concept de culture.
Mais à côté, Peter Krïger, un philosophe et artiste belge, nous a confié cette remarque faite en Afrique depuis ces dernières années : la culture noire tant revendiquée pourtant ne serait-elle pas quelque chose de muséal, une image pour montrer ce qu’on n’est pas en réalité ?
Il exprime une inquiétude personnelle : la mondialisation ne risque-t-elle pas de tout balayer en substance ?
Ce Belge a des vues importantes sur l’Afrique exploitée. Il préconise même une révolution culturelle et économique. Dans son discours de clôture, Mamou Daffé a dit en substance : ‘’Nous sommes convaincus que l’Afrique pourrait occuper une place très importance dans le nouvel ordre mondial en soulignant ses forces culturelles plutôt qu’en tendant de se conformer à des savoirs qui ne cadrent pas avec la culture locale’’.
Assey Coulibaly
Le Challenger du 7 février 2008

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