Le Premier ministre sans minimiser le chemin qui reste à parcourir vers la prospérité, estime que la stratégie choisie est bonne et que les hommes existent pour la mettre en oeuvre
Le Premier ministre Modibo Sidibé était dimanche l'invité de l'émission "Questions d'actualité" de l'ORTM. Durant cet entretien de deux heures, le chef du gouvernement a évoqué des actions entreprises par son gouvernement dans les domaines de l'autosuffisance alimentaire et de la production vivrière, de la gouvernance et du renouveau de l'action publique, de la lutte contre la corruption, des technologies de l'information et de la communication dans l'administration. Il a aussi souligné son inquiétude face à l'insécurité routière avant d'aborder des questions liées à la croissance, aux infrastructures ainsi qu'à la privatisation de la CMDT et de la Sotelma, et à la crise financière internationale et ses répercussions sur la vie du citoyen moyen.
DANGER POUR LA COHÉSION NATIONALE. Pour le chef du gouvernement "le Mali est dans la bonne direction", malgré la crise aiguë qui a touché notamment les denrées alimentaires et les hydrocarbures. Le sens de responsabilité de nos concitoyens et la solidarité des partenaires ont atténué le choc de la crise. Le gouvernement a assuré l'approvisionnement régulier du pays en denrées de première nécessité à des coûts abordables. Et a fait face à ses engagements, notamment dans le secteur de l'éducation auquel le pays consacre un bon tiers du budget d'État. La rentrée scolaire, a reconnu Modibo Sidibé, s'est ressentie des crises à répétition qui ont émaillé l'année scolaire passée. Il a assuré que les différents engagements pris par le gouvernement sont exécutés ou en cours d'exécution, notamment ceux contractés avec l'Association des écoles privées du Mali. Il a souhaité que le forum sur l'éducation qui s'ouvre cette semaine soit le lieu indiqué pour mettre à plat l'ensemble des problèmes de l'éducation.Interrogé sur l'adéquation entre la formation et l'emploi, Modibo Sidibé a été on ne peut plus clair : c'est la croissance qui crée l'emploi. Le PDES table sur une croissance de 7%. Cette croissance exponentielle permettra de créer environ 15 000 emplois, entre autres dans les secteurs de l'agriculture, l'éducation, l'artisanat, la défense et la sécurité.Le gouvernement travaille à l'élaboration d'un programme décennal de création d'emplois soutenu par une taxe déjà créée et prévoit une "discrimination positive" à l'endroit des femmes en matière de création d'emploi.Abordant la problématique de la corruption et de la santé de la justice, Modibo Sidibé a rappelé les chiffres contenus dans les rapports du Vérificateur général et précisé la suite donnée aux investigations de cette instance indépendante. Le prochain forum sur la corruption, a-t-il promis, sera l'occasion de discuter des différents aspects de ce mal complexe qui au delà des aspects purement financiers, revêt aussi une dimension sociologique. Il a rendu un hommage appuyé au président du comité d'organisation de cet autre forum, un de ses prédécesseurs à la Primature, Modibo Keïta. Le chef du gouvernement a reconnu l'existence de problèmes réels dans l'administration de la justice. Des problèmes qui trouveront leur solution dans la nouvelle dynamique du renouveau de la justice qui repose en premier chef sur les magistrats eux mêmes. Le gouvernement appuiera cette volonté par la réalisation d'infrastructures pour davantage rapprocher la justice des justiciables.Questionné sur l'apparition d'une milice d'autodéfense dans la région de Gao et les événements de Fafa qui ont suivi, Modibo Sidibé a souligné le danger pour la cohésion nationale de laisser chacun se rendre justice. Il a confirmé la détermination de l'État à assurer ses missions de défense et de sécurisation des hommes et des biens sur tout le territoire. Une détermination égale prévaudra pour lutter contre l'insécurité routière. L'État, a cependant indiqué le Premier ministre, continuera sa démarche pédagogique de sensibilisation des usagers de la route mais à un moment, a-t-il averti, il faudra sévir. Modibo Sidibé a promis d'accélérer la numérisation de l'administration et des services des recettes de l'État et de travailler à l'émergence d'une nouvelle École nationale d'administration (ENA).
PRIVATISATION ET NON DÉSENGAGEMENT DE L'ÉTAT. Sur l'Initiative riz, une action-phare du gouvernement, il a rendu hommage à tous les acteurs qui ont adhéré à la démarche. La production attendue pour la campagne 2008-2009 est de 1,6 millions de tonnes. L'Initiative riz est une reforme qui s'inscrit dans le plan d'action du volet agricole du PDES. Il a invité les producteurs, les encadreurs et les organisations paysannes à oeuvrer afin que le producteur ne brade pas sa production. L'État assurera quant à lui son rôle de régulation pour que les prix aux producteurs ne s'effondrent pas et que ceux à la consommation ne flambent pas. Il a aussi promis aux organisations paysannes que l'effort de subvention des engrais entrepris par les pouvoirs publics se poursuivra si les intrants ne sont pas détournés de leur destination.Modibo Sidibé a déclaré que les efforts de désenclavement intérieur et extérieur du pays tout comme la politique de construction de logements sociaux se poursuivront pour accélérer la croissance du pays. Cette croissance, a t-il souligné, nécessite une forte implication du secteur privé.Sur le chapitre des privatisations, Modibo Sidibé a indiqué que celles de la CMDT et de la Sotelma se poursuivaient normalement. La privatisation de la CMDT devrait intervenir en fin 2009, tandis que le processus engagé pour la Sotelma devrait être bouclé à la fin de cette année. Mais le chef du gouvernement a tenu à préciser que la privatisation de la CMDT en tant qu'outil, ne signifie nullement le désengagement de l'État du secteur cotonnier. Les pouvoirs publics gardent la main sur différents segments du plan, notamment le volet social. Le gouvernement a adopté des mesures d'exonération de droits de douane et de taxes sur des denrées de première nécessité et mis en place une cellule de veille pour suivre l'évolution de la crise financière internationale dont les effet induits pourraient se répercuter sur notre économie. L'année 2007 est achevée par un fléchissement de la courbe de la croissance économique. Mais le pays est demeuré en croissance. Le chef du gouvernement s'est dit convaincu qu'une dynamique vertueuse engagée par le gouvernement relancera la croissance avec l'appui et l'adhésion de tous. Le peuple malien est un peuple travailleur c'est pourquoi Modibo Sidibé persiste à penser que le pays est dans la bonne direction.
SynthèseB. COULIBALY
l'Essor n°16311 du - 2008-10-28 08:00:00
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire