Notre pays accueille en ce moment Claude Viallat, un peintre français de renommée internationale. L’artiste présente ses œuvres, simultanément au Musée national et au « Quartier Orange » en zone industrielle à Bamako. Ses toiles géantes sont exécutées sur différents supports (drap de lit, cotonnade, bâche, tente, parasol etc...).
Au total, 68 œuvres dont la dimension moyenne est de 4 mètres sur 4 sont exposées."Je peins un peu sur tout ce que je trouve", confirme le peintre. Son travail repose sur la reproduction de la même figure sur différents supports. Sa force est qu’il peint tous les jours. A répéter le même geste, il trace des formes harmonieuses et la même figure de base s'adapte aux différents supports. Il prend soin également de donner la même couleur aux bordures de la toile. « C'est comme le travail du maçon qui pose chaque jour des briques », résume-t-il. Résultat : une esthétique particulière. Si les peintres et dessinateurs se remettent perpétuellement en question à travers le renouvellement des formes et des figures pour Claude Viallat, le renouvellement total des formes ne paraît pas assez pertinent. Son œuvre s'inscrit dans un mouvement né au milieu des années 1960 en France. Le principe ? Partir d'une forme première, la développer, la différencier, la faire évoluer dans le temps et l'espace sans abandonner la configuration d'origine. Tout a commencé en 1966 lorsque des artistes, dont Claude Viallat, décident de décrocher les toiles des chevalets pour les poser à terre ou sur une table afin d'y peindre. Il ne s’agissait pas pour eux de réagir ainsi contre un ordre établi mais d’adopter une approche leur permettant simplement de mieux extérioriser leur sentiment ou leur inspiration.Pour Claude Viallat, une toile seule n'est rien en soi. C'est le processus ou le système qui est important. Le travail de Viallat est donc à comprendre comme un principe unique aux ramifications multiples. Il s'est ainsi libéré de toute contrainte de représentation. L'objet de sa peinture est la peinture elle-même, dit-il.Ses œuvres ont beaucoup de points communs avec l'art des teinturiers de chez nous. Cet art consiste à mettre de l'harmonie dans les différentes couleurs et figures. Ce rapport devrait aider le public malien à comprendre les œuvres du peintre français qui resteront exposées jusqu'au 15 mars prochain.Claude Viallat est né à Nîmes en France en 1936. Entre 1955 et 1959, il suit les cours à l'Ecole des beaux-arts de Montpellier. Sa peinture est figurative au départ. Après une longue interruption due au service militaire (1959-1961), Viallat poursuit ses études à l'École des beaux-arts de Paris (1962-1963) et devient un peintre abstrait. De 1964 à 1967, il s'installe à Nice, où il enseigne à l'Ecole des arts décoratifs, dans cette ville qui accueille sa première exposition en 1966. La même année, il met au point son procédé qui consiste à apposer la même forme en imprégnation sur une toile non tendue et non apprêtée. À cette forme rectangulaire, dont les contours rappellent vaguement une éponge, viendront s'ajouter d'autres éléments formels tels que le choix restreint de couleurs, des empreintes monochromes disposées régulièrement sur des fonds uniformes.Complexe ? Peut être. Hermétique ? Pas du tout comme les visiteurs bamakois pourront le vérifier.
Y. DOUMBIA
Source:l'Essor n°16388 du - 2009-02-20
1 commentaire:
site web Sweet, je n'étais pas venu sur votre blog avant dans mes recherches! Continuer sur le travail fantastique!
Enregistrer un commentaire