samedi 10 octobre 2009

Ecriture : LE N’KO S’EXPORTE en France





Le journal l'Essor-Mali-09/10/2009


Crée par Souleymane Kanté en avril 1949, il comporte 27 lettres : 19 consonnes, 7 voyelles et une neutre.

Le N’ko est une technique d’écriture qui ne se sert pas de l’alphabet latin pour traduire les langues mandingues. Crée par Souleymane Kanté à partir en avril 1949, il comporte 27 lettres : 19 consonnes, 7 voyelles et une neutre. N’ko, est la traduction de l’expression « je dis » en bambara. De nos jours, plus de 500 mots ont été traduits et 183 livres réalisés en bambara, soninké et peul avec cette technique.

C’est tout cela que Ismaël Diabaté, membre de l’Association dédiée à la promotion de cette technique et célèbre artiste peintre malien, a développé samedi dernier à la Bourse de commerce de Paris, dans une conférence qui avait pour thème : « Histoire du mouvement culturel ». C’était dans le cadre de la 9è édition de la Fête de l’artisanat, de la culture et du tourisme qui s’est déroulée du 29 septembre au 5 octobre à Paris.

Une foule d’intellectuels, d’étudiants et de simples curieux, ressortissants maliens mais aussi français, ont assisté à ce qui apparaissait comme une démonstration de cette capacité des Africains à produire leur propre écriture.

Le flambeau de Souleymane Kanté est repris par Mahamadou Sory Bamba, Richard Toé et bien sûr le conférencier lui-même, entre autres. Depuis 16 ans, le mouvement s’attelle à l’enseignement de cette forme d’écriture, a indiqué Ismaël Diabaté. Ce qui a permis de parvenir à une méthode très affinée d’apprentissage. Il est possible de nos jours de maîtriser cette écriture en 21 jours de formation.

Le conférencier reprend à son compte une vérité universelle qui rappelé qu’aucun peuple ne peut se développer avec une langue d’autrui. L’émancipation de nos pays de tradition mandingue passera, de son point de vue, par la promotion et l’utilisation de cette écriture. Contrairement à l’opinion du chercheur français, Jean Louis Anselm, qui prédit un avenir alambiqué à l’écriture N’ko. Celui-ci estime que cette écriture est adaptée seulement au manding, excluant ainsi les autres langues du Mali.

Ce « mensonge délibéré » vise simplement, selon Ismaël Diabaté, à dénigrer le N’ko. Pour prouver le contraire, le conférencier a exhibé un livre écrit en soninké par un jeune chercheur malien. Le N’ko est une écriture adaptée à toutes nos langues, soutient-t-il, contrairement aux langues étrangères.

Pour preuve, il estime qu’en 100 ans d’école française, notre taux de scolarisation tourne encore autour des 30%. Tous les pédagogues s’accordent sur le fait qu’un enfant qui apprend dans sa langue maternelle réussit mieux que celui qui étudie dans une autre langue.
L’expérience malienne qui consiste à enseigner dans les petites classes en langue nationale et à introduire progressivement le français, n’est pas une bonne chose, juge Ismaël Diabaté. Si ces élèves devaient continuer leur cursus scolaire dans leur langue maternelle, ils auraient deux fois plus de chance de réussir à l’école, estime-t-il.

Evoquant les rapports de son association avec la langue française et le Centre national des ressources non formelles de l’éducation (ex-direction nationale de l’alphabétisation fonctionnelle, DNAFLA), Ismaël Diabaté souligne que le Mouvement N’ko n’est dirigé contre aucune langue, ni contre personne. Son seul combat est la promotion de cette écriture propre à l’Afrique.

Si le Centre national des ressources non formelles de l’éducation décompte 10 langues nationales au Mali, le Mouvement en dénombre 17 sur le même territoire. Mieux, le débat sur la capacité de nos langues à transcrire la science a été prestement balayé. Car, a relevé Ismaël Diabaté, il n’existe aucune langue au monde qui soit dédiée à la science. Toutes les langues écrites ont en leur sein des éléments scientifiques et le N’ko est d’ailleurs très avancé dans ce domaine.
Comme support de promotion et d’entretien de la langue, le Mouvement édite un journal qui, pour l’instant, n’est vendu qu’au Mali.Pour le moment, le Mouvement N’ko ne bénéficie du financement d’aucune organisation. Il fonctionne grâce aux cotisations de ses membres et à quelques donations individuelles.

Cette conférence fait office de premier pas sur le continent européen pour le mouvement. Après une seconde conférence qui se tiendra demain à Saint-Denis dans la banlieue parisienne, une représentation du Mouvement N’ko sera implantée en France.

Envoyé spécial


Y. DOUMBIA

1 commentaire:

Anonyme a dit…

BON DEPART