vendredi 1 janvier 2010

Cinema : Le CNCM porte “Toiles d’araignée” d’Ibrahima Ly au grand écran





LE REPUBLICAIN - 31/12/2009

L’heure de la renaissance du cinéma malien a-t-elle sonné ? Dans l’impossibilité de répondre à cette question avec beaucoup de certitude, l’on pourrait quand même constater que quelque chose de positif se passe du côté du Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM). En cette fin d’année 2009, l’occasion était toute belle pour le CNCM d’inviter des hommes de culture et des amoureux du 7e art, avec Mohamed El Moctar, ministre de la Culture, à leur tête, pour venir assister au premier coup de clap de son deuxième long métrage de l’année.


«Toiles d’araignée» est le titre du long métrage que le réalisateur Ibrahima Touré se propose de réaliser à parti d’une adaptation du roman «Toiles d’araignée» du Pr. Ibrahima Ly. Certes une fiction, mais le réalisateur a tenu à se coller à certains lieux de mémoire pour ne pas s’éloigner de la réalité de cette époque douloureuse de notre histoire commune. Et comme premier symbole, le choix de l’Ecole normale supérieure de Bamako (ENSUP) pour abriter la cérémonie du premier coup de clap du tournage de ce long métrage n’est pas fortuit.


«J’ai choisi la scène de l’arrestation du Pr. Yoro devant ses étudiants dans l’enceinte de l’ENSUP, à la bibliothèque, par les agents de la sécurité d’Etat, pour le premier coup de clap du tournage du long métrage, pour montrer mon attachement aux franchises universitaires», a indiqué Ibrahima Touré, réalisateur. Avant d’ajouter que le film a été voulu comme le destin croisé de deux personnages. Mariam, une villageoise qui refuse l’ordre établi par sa société traditionnelle, va se retrouver en prison. De son coté, le Pr. Yoro, combattant pour la démocratie, pour avoir dit non à la dictature militaire, enlevé manu militari dans sa classe devant ses étudiants, sera jeté en prison.


«A travers le destin de ces deux prisonniers, le film va naviguer sur la promiscuité, les brimades entre prisonniers et de la part des gardes et lorgner le comportement de l’administration quant aux prisonniers d’une certaine catégorie», a-t-il révélé. La séquence du tournage de l’arrestation du Pr. Yoro à la bibliothèque, après la distribution des tracts par la SE, qui a servi de prétexte au premier coup de clap, a été une occasion pour les compagnons de feu Ibrahima Ly de revivre la scène de son arrestation à l’Ecole normale supérieure de Bamako (ENSUP).


En plus de Mohamed El Moctar, ministre de la culture, venu pour présider la cérémonie, l’on a noté la présence des membres de la famille de feu Ibrahima Ly, conduite pas son épouse Mme Ly Madina Tall et du ministre Adama Samassekou. Arrêté le 8 juin 1974 et condamné à 4 ans d’emprisonnement ferme, Ibrahima Ly a séjourné dans la prison du Camp Para de Djikoroni, pour se retrouver à Taoudenit, avant de venir terminer sa peine à la prison de Niono. Si la cérémonie de premier coup de clap a toujours annoncé le démarrage d’un tournage, depuis peu le CNCM dans une démarche beaucoup plus pratique l’a déplacé, pour la faire à un moment où la grande partie de la réalisation a été faite.


Cela a le grand mérite d’éviter de faire des premiers coups de clap pour des films qui ne verront jamais le jour pour des difficultés de dernières minutes. La démarche a marché avec «Fantan Fanga» de feu Adama Drabo et de Ladji Diakité, qui a représenté le Mali au dernier FESPACO dans la compétition long métrage.


Elle a été aussi observée avec «Da Monzon», en cours de finition. Et elle vient d’être rééditée avec «Toiles d’araignée» de Ibrahima Touré. Si le premier coup de clap a été donné le lundi 28 décembre 2009, à l’ENSUP, il faut dire que le tournage avait déjà démarré le 9 novembre 2009, à la prison de Niono. C’est après 4 semaines de tournage passées dans cette prison que l’équipe s’est déportée à Bamako, où le tournage a repris depuis le 12 décembre 2009 et devait durer trois semaines. Donc, à dire vrai, le premier coup de clap a coïncidé avec la fin du tournage. Pour la réalisation de son long métrage de 90 mn, Ibrahima Touré a fait appel à des comédiens déjà bien connus au Mali.


Boubacar Belco Diallo, qui n’est plus à présenter pour son talent d’acteur que les cinéphiles maliens ont pu apprécier dans de nombreuses réalisations, a été sollicité pour jouer le rôle du Pr. Yoro. Badra Alou Sissoko, plus connu sous le nom d’Amion, pour avoir joué ce rôle avec brio dans le téléfilm «Walaha», a bénéficié de la confiance du réalisateur pour tenir le rôle du chef de la sécurité d’Etat (SE). Après celui du Pr. Yoro, le deuxième rôle principal du film est tenu par Viviane Sidibé, une étudiante à la Faculté de droit qui est pratiquement à son début de comédienne dans les productions maliennes. Elle a joué un rôle secondaire dans «Duel à Daffa» et est proposée pour le rôle principal dans le téléfilm «Les concessions» dont le pilote a déjà été réalisé.


Assane Koné

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