mardi 12 janvier 2010

Manny Ansar : Directeur du festival au désert à Essakane. : « Nous avons relevé le défi »

















Le Quotidien de Bamako-Mali du 12/01/2010

Nous nous sommes entretenus avec monsieur Manny Ansar, l’initiateur et le Directeur du Festival au Désert à Essakane, le dernier jour du festival, le samedi 9 janvier 2010. Il nous parle entre autres sujets, des raisons du déplacement du site du festival d’Essakane à Tombouctou.

Il a surtout déclaré que les structures de financement occidentales qui apportaient d’habitude leur aide à l’organisation du festival ont « fermé le robinet » cette année dans l’espoir de voir ce festival mourir. Quotidien de Bamako : D’habitude, ce festival se tient à Essakane à quelques 70 km de la ville de Tombouctou.

Cette année, nous sommes à Tombouctou. Pourquoi ce déplacement de site ? Manny Ansar : Les raisons de ce changement de site s’expliquent par de nombreux facteurs. D’abord, le festival s’est coïncidé cette année avec plusieurs autres évènements touristiques et culturels à Tombouctou : la quinzaine touristique et culturelle de la région de Tombouctou, l’ouverture officielle de la saison touristique et la rentrée culturelle.

Les mêmes artistes et journalistes invités à ces évènements étaient aussi invités par nous. Ensuite, les touristes, à qui on avait demandé de ne même pas venir au nord du Mali sont venus jusqu’à Tombouctou. C’était déjà beaucoup. C’est pourquoi on n’a pas voulu leur demander de partir encore à 60 ou 70 km de Tombouctou.

En fin, vous avez vu comment les populations locales ont intégré le festival. Ça a été une fête populaire. Maintenant pour les années à venir, on est en train de voir. Comme c’est un festival qui a déjà été nomadisé, donc on fera le bilan. Nous le savons tous, les occidentaux en général et la France en particulier a lancé un appel à ses ressortissants leur demandant de quitter et/ou de ne pas venir au nord du Mali parce qu’il y aurait de l’insécurité.

Cet appel a-t-il eu une influence négative sur le festival de cette année ? Manny Ansar : on ne peut pas nier que tous ces appels ont eu une influence sur la participation des touristes occidentaux. Mais malheureusement pour les auteurs de ces appels, ça n’a pas eu l’influence qu’ils espéraient, c'est-à-dire l’absence totale de touristes occidentaux. Comme vous le voyez vous-même, sur ces dunes il y a au moins 800 touristes occidentaux qui sont ici présents parmi nous.

On n’a pas encore fait les statistiques, mais les chiffres seront certainement entre 700 et 1000 touristes occidentaux. Quelle comparaison pouvez-vous faire de cette édition avec celles des années précédentes? Manny Ansar : De la première édition jusqu’à la 8ème édition, le nombre des festivaliers occidentaux ne partait que croissant. Mais depuis deux ans (l’an passé), avec le matraquage médiatique contre la venue au nord du Mali, le nombre des participants occidentaux s’est stabilisé, voire un peu baissé. Si non on pourrait enregistrer 3 à 4 fois plus de touristes.


Votre mot de la fin. Manny Ansar : de façon générale, je suis très content. Je remercie les autorités de mon pays qui m’ont vraiment aidé pour que cette 10ème édition soit. L’an passé aussi, les autorités occidentales avaient déconseillé leurs ressortissants de ne pas venir au nord du Mali, mais ils avaient quand même maintenu leur aide financière à l’organisation du festival.

Mais cette année, en plus de l’appel déconseillant leurs ressortissants de ne pas venir, ils ont coupé leur financement aussi. Et il faut le reconnaître, on était à genoux. On pensait même à reporter le festival. Les occidentaux ne voulaient donc pas apparemment que le festival au désert se tienne cette année. Et c’est les autorités de mon pays, qui, nous ont aidé à relever le défi. Oui, c’est un défi, car si jamais ce festival n’avait pas pu avoir lieu, on allait donner l’occasion aux uns et aux autres de croire à tout se qui se dit sur l’insécurité au nord du Mali.

Comme vous le voyez, on est entrain de relever ce défi. On est à la 3ème nuit, soit la dernière et tout est entrain de se passer normalement jusqu’à preuve de contraire. Réalisé par notre correspondant régional Diakaridia TOGOLA Festival au désert : les touristes témoignent.

Dans mon quartier à Paris, il y a eu plus d’enlèvements et de gens tués en deux mois que dans tout le nord du Mali … » dixit un touriste français ! Suite à l’appel lancé par certains gouvernements occidentaux, notamment la France, demandant à leurs ressortissants de ne pas venir ou même de quitter au cas où ils sont déjà sur place le nord du Mali, nous avons fait un micro trottoir entre les occidentaux présents au festival au désert.

En général, ils soutiennent que l’enlèvement d’un seul individu dans un pays ne peut pas rendre toute une zone infréquentable. Sinon la plupart des pays occidentaux seraient aussi infréquentables. Donc un appel illogique. Et c’est pourquoi ils sont présents malgré tout. Philippe Angers : « je suis Philippe Angers.Je m’occupe de la presse pour le festival au désert à Essakane. Ce que je vois sur place, c’est qu’il n’y a aucune crainte. Je participe à ce festival il y a quatre années et c’est toujours le même constat. Dans mon quartier à Paris, il y a eu plus d’enlèvement et de gens tués en deux mois que dans tout le nord du Mali dans la dernière année. Donc, à mon avis, il doit y avoir d’autres raisons pour lesquelles on épingle le Mali dans les médias. J’ai une expérience de 4 années du festival. Ce que je vois sur place, est extraordinaire. Il y a des gens de tous les pays, des gens du pôle nord, des américains, des indiens… Tout le monde doit voir ce qui se passe autour d’eux et donc de ne pas croire à ce qu’on leur propose ».

Martha : « Je suis là, malgré... » « je suis italienne. Je prépare un doctorat sur la musique traditionnelle touareg à Paris. J’ai travaillé pendant un mois sur le festival à Bamako. J’ai reçu trois emails de mon ambassade me déconseillant de venir, mai, mais je suis là. Parce que j’ai eu confiance à mes amis qui m’ont qu’il n’y a aucun problème ». Size : « Je ne rencontre que de la gentillesse et... »

« je suis allemande. Je vis à Paris. Je suis là en tant que bénévole et je m’occupe des journalistes et des artistes. C’est ma deuxième fois de venir. L’an passé, on m’avait dit la même chose, que c’était dangereux de venir. Je me suis dit que je vais venir pour voir si c’était dangereux comme ils le disent. Mais depuis que je suis venue, je ne rencontre que de la gentillesse et de la générosité de tous les gens, qui, nous ont accueilli. On a médiatisé quelque cas d’insécurité. Mais il y a de la violence et des attentats un peu partout dans le monde et ça ne veut pas dire que tout le pays est pourri ».

Propos recueillis par notre correspondant régional à Tombouctou, Diakaridia TOGOLA

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