mardi 25 décembre 2007

Protection de l'environnement : DES INITIATIVES ORIGINALES ET EFFICACES(L'ESSOR-MALI,LE 24-12-07)













Notre pays et ses partenaires de l'UE, ont lancé de nombreuses actions pour contrer les conséquences de la sécheresse des années 70 dans les régions du nord
La grande sécheresse qui a frappé notre pays dans les années 1970 a particulièrement affecté les régions du nord avec pour conséquences l'avancée du désert et la destruction de l'écosystème. Tributaires des ressources du delta intérieur du fleuve Niger (environ 570 000 km2), un million d'hommes, deux millions de bovins et cinq millions d'ovins et caprins, ont ainsi vécu dans des conditions précaires. A partir de 1990, la situation s'est exacerbée du fait de la croissance démographique, du retour des populations déplacées suite à la rébellion et d'une forte sédentarisation des nomades. L'amenuisement de l'espace vital a ainsi poussé à une grande concentration de population dans la vallée du fleuve, autour des lacs et chenaux d'irrigation qui se prêtaient encore aux activités agro-sylvo-pastorales. La pression s'est accentuée sur les ressources naturelles. Les bourgoutières (pâturages submersibles) et les forêts inondables qui sont des zones de reproduction des poissons, se sont littéralement dégradées. L'écosystème a connu un déséquilibre sans précédent, accentué par les aléas climatiques.Dans ce contexte difficile, le gouvernement accompagné par ses partenaires de l'Union européenne (Allemagne, Angleterre, Belgique, Danemark, France, Pays-Bas, Suède), a engagé des actions pour circonscrire la menace de paupérisation de la zone : restauration des forêts, aménagement des périmètres irrigués et fixation des dunes, entre autres.Au moment où le 9è Fonds européen de développement (FED), principal bailleur de ces différents projets de développement, tire vers sa fin, il était opportun de cerner ce qui a été fait dans les régions de Mopti et Tombouctou. Ainsi du 4 au 9 décembre, une caravane de presse organisée par la délégation de la Commission européenne au Mali s'est rendue à Youwarou, Attara (5è Région) et Niafunké et Tombouctou (6è Région). La mission était dirigée par Laure Huberty, responsable de la cellule de communication de la délégation.YOUWAROU RENAÎT. Première étape : Youwarou. Située au bord du lac Débo, la localité, jadis réputée pour ses ressources aquatique, se remet petit à petit, des années de ravage de la sécheresse et de la désertification. Bakari Koné, le coordinateur de l'Ong internationale Wetsland, un des organismes qui s'occupent de la protection de l'environnement dans la zone, explique que sur la trentaine de forêts inondables que comptait le delta intérieur, il n'en reste hélas qu'une dizaine aujourd'hui. Des années d'exploitation abusive de ces forêts a décimé les espèces d'arbres qui y poussaient.Loin d'être un pourvoyeur de ressources pour les seules populations, ces forêts dont les arbres survivent aux inondations des périodes de crue, sont le lieu de reproduction de nombre d'espèces d'oiseaux migrateurs venant d'Europe et de Russie, a indiqué Mamadou Koïta, responsable de l'Union mondiale pour la nature (UICN) à Mopti.La magie de la nature a créé une symbiose écologique dans cette partie du delta intérieur du Niger qui s'étend de Macina (Ségou) à Goundam (Tombouctou). Elle se traduit par l'interdépendance des différentes populations aquatiques. Le séjour des oiseaux pendant la crue permet, grâce aux résidus d'aliments et des excréments qu'ils déversent dans le fleuve, de faire pousser le bourgou. Après avoir servi de vivier et de lieu de régulation pour les poissons, ces bourgoutières se transforment en immenses pâturages quand le fleuve se retire.Citant quelques réalisations de sa commune, le maire de Youwarou, Sékou Békaye Traoré, a insisté sur les travaux de restauration de la forêt inondable de Aka-goun d'une superficie de 664 ha par l'UICN qui s'est installée dans la zone depuis 1984.L'UICN a également réalisé en 2006 un chenal de 2,5 kilomètres dans la ville de Youwarou. Coût : 20 millions Fcfa. Ce chenal, véritable pompe de refoulement, irrigue les vastes plaines rizicoles et la forêt classée de la commune. En relais avec le chenal de Tanga Tanga, ce dispositif alimente une vingtaine de mares, de Youwarou à Léré en passant par Gatchi Loumo, arrosant du coup 77 villages de la localité. Ainsi, les cultures de contre-saison, le maraîchage, la pêche et l'élevage ont repris et ont permis d'améliorer les conditions de vie des populations. Avec une population de 21 000 habitants vivant sur 1200 km2, la commune rurale de Youwarou renaît.
RECUL DE LA PAUVRETÉ. Attara se trouve à deux heures de pinasse de Youwarou, situé au bord du fleuve dans la commune rurale de Soumpi (cercle de Niafunké). Ce village, possédant une forêt classée, était chargé à l'époque coloniale de ravitailler la messagerie africaine (chemin de fer et navires de transport). Il est devenu, au fil des ans, le plus important point de ravitaillement en bois de toute la région. L'exploitation sauvage et anarchique des massifs forestiers menaçait de disparition le couvert végétal de la zone. L'installation du Programme Mali-nord fut, par conséquent, salutaire pour les populations. Financé essentiellement par l'Allemagne à travers la GTZ, ce programme s'est attaché à favoriser le retour des populations déplacées du nord du Mali, souligne Nouhoum Ibrahim Maïga, le responsable de Mali-nord à Niafunké.Après leur retour, les populations devaient être fixées sur les terres abandonnées. C'est ainsi que le programme a inclus dans ses activités le développement de l'agriculture irriguée et d'autres activités génératrices de revenus à travers l'octroi de micro-crédits. A partir de 1994, le programme a lancé ses premiers projets d'aménagement dans un rayon de 40 km. Aujourd'hui, c'est avec fierté que Nouhoum Maïga évoque les 32 périmètres irrigués aménagés sur 1200 ha avec une production moyenne de 6 tonnes à l'hectare par an, dans la zone de Attara. Au total, le Programme a réalisé 102 périmètres irrigués sur 4000 ha dans le cercle de Niafunké, permettant de réduire la période de soudure de 7 à 2 mois.Mali-Nord a introduit dans son approche, l'apprentissage des populations à l'autogestion et leur accompagnement par la construction d'infrastructures -magasins de stockage des récoltes, création des Groupements d'intérêt économique (GIE)) gérées par les paysans. La mise à disposition sur place d'intrants et de matériels agricoles a permis de booster les activités du secteur primaire. Pour plus d'efficacité, le programme opère avec des prestataires privés choisis sur appels d'offre de services. Par exemple, la maintenance des motopompes des casiers rizicoles est assurée par l'entreprise GMA basée à Diré. Celle-ci est aussi chargée de former à la manipulation et à l'entretien des moteurs et d'apporter ainsi aux utilisateurs une précieuse autonomie, a expliqué Boubacar Bah, le directeur de GMA. Dans une économie reposant essentiellement sur le secteur primaire, ces actions de développement rural sont une aubaine pour les habitants des régions, témoigne Abdoulaye Hama, un cultivateur d'Attara. Les emplois créés par ces périmètres ont ainsi permis de fixer les jeunes en mettant un frein à l'exode rural, souligne le responsable de Mali-nord. BOIS ET ÉNERGIE DOMESTIQUE. Cette approche participative, explique Nouhoum I. Maïga, doit déboucher sur une appropriation par les bénéficiaires de tout le processus de mise en place et de pérennisation des actions. Dans cette entreprise, le programme Mali-nord est épaulé par le Programme alimentaire mondial (PAM) qui opère selon la méthode du "food for work", (travail contre nourriture). Celle-ci permet d'alimenter chaque jour, 120 bras valides employés en permanence sur 30 hectares de terres.Le Programme environnemental d'appui à la lutte contre la désertification (PEALCD) opère, lui, sous la tutelle de la direction régionale des services de la conservation de la nature. Afin de protéger l'environnement tout en faisant profiter aux populations, des ressources de façon raisonnable et durable, le PEALCD a planté 100 ha de forêt pour l'approvisionnement en bois d'œuvre et d'énergie domestique.La restauration des forêts et la stabilisation des dunes par le reboisement et la plantation mécanique, sont les actions phares du PEALCD dans la région de Tombouctou.Doua, un village situé le long du Niger à quelques encablures de la ville de Niafunké, doit tout à la forêt classée qui porte son nom. Sur le site de Toya, dans la ville de Tombouctou, la lutte est menée sur un autre front par le duo DRCN/PEALCD : c'est la fixation des dunes de sable qui menacent le cours du fleuve dans cette région. Pour contrer plus vigoureusement la poussée des amoncellements de sable, le projet a utilisé la plantation mécanique qui consiste à enfoncer dans le sable jusqu'à une certaine profondeur, des branches d'arbre spécifiques à la région, appelé Soboya (nom scientifique, Leptandonia irotechnica). C'est une technique efficace qui ne demande pas beaucoup d'efforts, explique le chef de la DRCN. Contrairement à la stabilisation par le reboisement qui nécessite beaucoup d'eau, la première se fait sans recourir à l'eau et à une main d'œuvre permanente.A côté de ces actions prioritaires, le programme de l'UE, soutient des activités génératrices de revenus dans la région en accompagnant les femmes dans l'aménagement de périmètres maraîchers. Des initiatives privées dans le domaine agricole telle que la réalisation des vergers, sont aidées par le programme. La visite du potager d'une association des femmes de Tombouctou et d'un verger de 200 arbres fruitiers appartenant à un fonctionnaire, Baba Najim, dans la ville de Tombouctou, ont bouclé l'étape de Tombouctou. Le cas de ce planteur est plus que flatteur. Il assure que durant le carême passé, son verger a ravitaillé toute la ville de Tombouctou en citron.C.A. DIA

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