mardi 1 juin 2010

Les ruines d’Essouk : UN PATRIMOINE CULTUREL NATIONAL INCONNU
















Le journal l'Essor-Mali du, 31 Mai 2010.



Le site historique d’Essouk a été, à un moment de l’histoire, le point de jonction entre le Maghreb et l’Afrique au sud du Sahara.

Les caravanes de sel, les marchands d’esclaves et des produits de l’Afrique noire, seraient à l’origine de la création du vieux centre commercial du grand nord malien. Il fut très florissant entre le IXème et le XIIème siècle. En 1999 les ruines ont été inscrites sur la liste indicative des biens culturels maliens susceptibles d’être classés sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Le 31 juillet dernier, a été signé le décret portant classement des ruines d’Es-Souk dans le patrimoine culturel national.

Les ruines d’Es-Souk couvrent une superficie de 60 hectares et englobent les éléments suivants : les ruines et gravures rupestres, écriture en tifinar, en arabe. Les gravures rupestres avec écriture en tifinar et une vingtaine de chars Garamantes ; les Nécropoles avec stèles inscrites en arabe ; et les mosquées principales des ruines centrales. Le chef-lieu de la commune d’Essouk est situé à la lisière méridionale du Sahara, à 60 km au nord-ouest de la ville de Kidal, sur le bord de l’oued. Il est implanté sur le site historique du même nom, Essouk.

Le recensement général de la population et de l’habitat de 1998, donne à la commune une population de 1365 hts, soit 6,22 % de celle du cercle de Kidal et 2,60 % de celle de la région. La commune rurale d’Essouk s’étend sur environ 25 000 km2. Elle est limitée au Sud par les communes de Kidal et Anefis, au Nord et à l’Ouest par la commune d’Agel hoc, à l’Est par la commune d’Abéïbara. Le Mali a pris à partir des années 1990 un ensemble de textes législatifs et réglementaires de protection et de promotion du patrimoine culturel national.

Cette décision fait suite aux conventions internationales ratifiées et à l’action de l’UNESCO en vue de la protection du patrimoine culturel. Il y a urgence de prémunir nos richesses archéologiques contre les dangers de dommage ou de destruction. Ces menaces se traduisent sur le terrain par le vol des biens, les fouilles clandestines ou le trafic illicite. L’ordonnance n°01- 032/ P-RM du 3 août 2001confie la mission de protection, selon le directeur de la mission multure d’Essouk Mohamed Ag Erless, aux missions culturelles de Bandiagara, de Djenné et de Tombouctou.

Il s’en est suivi, a-t-il ajouté, la création de la mission culturelle d’Essouk-Tadamakat par l’Ordonnance N° 02 / P-RM du 05 Juin 2002. Elle a été créée, au départ pour une durée de cinq ans comme service rattaché. Elle assure la mise en œuvre de la politique nationale en matière de préservation et de mise en valeur du patrimoine culturel sur le site d’Essouk. La mise en valeur du site historique d’Essouk, explique Mohamed Ag Erless, par des actions d’aménagement, de restauration, de conservation et de sécurisation est un facteur de développement économique de la région par le tourisme et les échanges commerciaux.

Des fouilles archéologiques pourraient dévoiler une partie très importante de l’histoire du Mali et de toute l’humanité. La mission culturelle d’Essouk est chargée d’inventorier les biens culturels mobiliers et immobiliers présents sur le site. Elle collecte, traite et diffuse les données écrites et orales de l’histoire locale. Elle élabore et met en œuvre un plan d’aménagement et de sauvegarde du site. La participation des structures communautaires et des associations culturelles à la gestion du site est prioritaire dans le programme.

UNE CITÉ MÉDIÉVALE.

Le site historique d’Essouk, est un trésor peu connu des populations maliennes et de la communauté internationale. La population autochtone de la région de Kidal, connaît mal le passé de la cité médiévale d’Essouk, le rôle qu’elle a joué dans les relations entre l’Afrique du Nord et l’Afrique au sud du Sahara, son importance socio-économique et culturelle aujourd’hui. Cette ignorance vient du fait que l’histoire de l’Adagh (Adrar des Iforas) souffre d’un déficit de vulgarisation. La littérature sur ce riche passé se trouve exclusivement entre les mains de quelques intellectuels (historiens, chercheurs).

Le public n’en a pas accès pour s’informer. La mission culturelle d’Essouk oeuvre à combler ce déficit de communication. L’objectif de la Mission, a fait savoir, Mohamed Ag Erless, est de favoriser une plus large connaissance d’un pan de son histoire aux Maliens et à la communauté internationale, à travers le site historique d’Essouk-Tadamakat. L’existence de ce joyau mérite d’être connue. Les démarches engagées par nos autorités pour son classement « Patrimoine mondial de l’UNESCO » seront couronnées de succès. Malgré l’absence de grandes montagnes, la commune d’Essouk est très accidentée.

A l’ouest elle est dominée par le prolongement de la chaîne de montagne d’Illibdjane. Au Nord est occupé par des belles montagnes de Timadjalen, un véritable « enjoliver ». Les deux grandes vallées d’Ibdakan et Eghacharsadiden se fraient un passage dans cet ensemble très rocailleux, parfois difficile, pour rejoindre le Telemsi. Toute la partie Est et Nord de la commune connaît un ensablement progressif et intensif. Le chef lieu Essouk, risque d’en être la première victime si des dispositions ne sont pas prises. La Commune rurale d’Essouk connaît trois grandes saisons : la saison sèche et chaude de mars à mai, la saison humide (hivernage) de juin à septembre, la saison sèche et froide de novembre à février.
Malgré l’absence de données météorologiques, il est constaté une baisse considérable de la pluviométrie, année après année. La végétation ligneuse est de plus en plus réduite aux épineux (surtout les acacias s/p) et concentrée dans les vallées peu humides. Les vallées comme Essouk et Tekankant recèlent encore des espèces végétales visibles seulement dans les latitudes beaucoup plus humides du sud. La végétation herbacée est directement liée à l’importance des pluies. La commune est arrosée par les deux vallées importantes d’Ibdakan et Eghacharsadiden et leurs affluents.

Leurs eaux pendant l’hivernage réapprovisionnent les nappes souterraines et les mares saisonnières. Le village d’Essouk est situé sur l’un des plus vieux sites de sédentarisation, voire d’urbanisation du moyen âge. Il se développe à un rythme très lent. L’artisanat, utilitaire et le petit commerce occupent une partie de la population. L’activité économique principale reste de loin l’élevage de bovins, de camelins, d’ovins, de caprins. Les activités économiques de la commune sont accompagnées par des partenaires techniques et financiers. Ce sont, notamment, le Programme d’appui au développement décentralisé de Kidal (PADDECK), l’Action contre la Faim (ACF), le DDRK, le Programme alimentaire mondial (PAM), Médecins du monde, la Mission culturelle (à travers le Budget spécial d’investissement), l’Agence nationale d’investissement pour les collectivités (ANICT).
La commune est administrée par le conseil communal, composé de 11membres élus en avril 2009 pour un mandat renouvelable de 5 ans. L’organe exécutif est composé du maire et de ses 3 adjoints. La tutelle est assurée par le préfet de Kidal et un sous préfet qui réside dans le chef-lieu de la commune. Très peu de services techniques déconcentrés de l’État sont installés dans la commune.

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