jeudi 31 janvier 2008

Architecture: Terra-2008 (les echos-mali,le 31-1-2008)














Connu pour son dévouement à revaloriser l’architecture de terre, son sens élevé du patriotisme, Dr. Tereba Togola (paix à son âme) a été d’un apport inestimable dans l’inscription de plusieurs de nos sites culturels sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
S’il y a un homme dont les efforts ont été pour quelque chose dans la tenue de Terra 2008 (1er au 5 février 2008) dans notre pays, c’est bien Dr. Tereba Togola, archéologue, ancien directeur national du patrimoine culturel du Mali, décédé le 7 novembre 2005.
A 24 h de la tenue de la 10e conférence internationale sur l’architecture de terre dans notre capitale, ses anciens collaborateurs témoignent.
« Terra 2008 n’est que la poursuite des efforts que Tereba a fournis dans la valorisation du patrimoine culturel, mais aussi dans la revalorisation de l’architecture de terre en particulier », reconnaît un agent de la direction national du patrimoine culturel. « Elle est la poursuite des œuvres que l’homme avait entamées depuis qu’il a dirigé le service en 2001 », affirme un autre.
Cette 10e conférence « Terra-2008 », qui se tiendra pour la première fois en Afrique, sera l’occasion de faire le point sur la situation mondiale de l’architecture de terre et sur toute la recherche scientifique qui la soutient.
Elle sera aussi une campagne de sensibilisation à l’architecture de terre dans le monde. « A ce titre, Tereba Togola a fait beaucoup. Il s’est toujours investi dans la valorisation et la protection de l’architecture de terre dans notre pays », témoigne un haut cadre du département de la Culture.
Premier directeur du patrimoine culturel, le chercheur a fait de l’inscription du Tombeau des Askia de Gao sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, sa priorité. Cette inscription, il l’a réussie en 2004. Ce gigantesque édifice construit en banco est aujourd’hui un lieu pour touristes.
Autres actions à l’actif du Dr Togola, c’est le retrait de la vieille ville de Tombouctou de la liste du patrimoine mondial en danger (2005) et la publication de la Carte culturelle du Mali (2005).
Sa dernière action couronnée à titre posthume, a été l’inscription de l’espace culturel du Yaaral et du Degal sur la liste des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité, le 25 novembre 2005.
Mort à la tâche
Tereba était aussi très actif dans tous les réseaux professionnels africains qui touchaient à ses domaines d’activités. C’est aussi sous sa direction que des fouilles archéologiques sur le site de la mosquée de Kankou Moussa, ont permis de mettre à jour les fastes de l’âge d’or de l’empire du Mali.
Téréba Togola est également à la base de la campagne de mobilisation et de sensibilisation qui a donné un coup d’arrêt au pillage du site de Gao Sanèye. Qualifié de digne fils d’Afrique et militant de la cause du patrimoine, l’enfant de Domba (cercle de Bougouni) est un symbole que les plus hautes autorités doivent immortaliser.
Le Dr. Togola, après des années de travail de terrain dans le cadre des activités de l’Institut des sciences humaines, a été directeur national du patrimoine culturel au ministère de la culture depuis 1998.
Né en 1948 dans l’arrondissement de Domba, il enseigna d’abord dans le cycle fondamental, puis entra en 1976 à l’EN Sup, où il obtiendra une maîtrise d’histoire et de géographie en 1980. Immédiatement, il collaborera à l’inventaire des sites archéologiques du cercle de Bougouni, puis à la protection des sites archéologiques contre le pillage.
Reprenant ses études en 1986 à l’Université Rice de Houston au Texas, grâce à une bourse Fulbright, il obtiendra un master en 1988 et un doctorat (Ph.D) en archéologie en 1993.
« L’homme était simple, humble, et doté d’un sens élevé du respect de l’autre. C’est ces qualités humaines, alliées à des compétences professionnelles éminentes et à une grande capacité de travail que nous avons appréciées chez lui. Téréba, nous suivrons ta voie pour la protection du patrimoine culturel du Mali ! », s’est souvenu Vincent Seck, lors de l’hommage solennel qui lui a été rendu.
Amadou Sidibé
Les Echos du 31 janvier 2008

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